QUESTIONS DE MÉTHODE EN SYNTAXE
Pour expliquer les faits de phonétique et de morphologie de l'ancien français, la méthode est établie sans conteste ; l'on se reporte à un état de langue plus ancien que celui auquel appartient le fait étudié, généralement à un état latin, et le fait est expliqué lorsqu'ont été indiqués avec exactitude un nombre plus ou moins grand d'états intermédiaires entre ceux qui sont en question ; jamais il n'est fait appel an français moderne ; si pourtant il intervient parfois, c'est non pas pour expliquer l'état ancien, mais pour montrer comment il s'est ou conservé ou modifié. En matière de syntaxe, il n'en est pas de même, et souvent nous tenons compte pour expliquer l'ancien français, sinon du français moderne, tout au moins de nos habitudes d'analyse et de nomenclature. Est-ce l'influence encore sensible de la grammaire générale, toute logique, du xvme siècle qui nous amène ainsi à voir dans la langue moderne le type auquel doivent être ramenées et comparées les formes antérieures ? est-ce la conséquence de nos études premières, qui nous ont habitués à certains cadres grammaticaux, dans lesquels nous prétendons faire entrer la langue des autres époques ? Quelle que soit la cause, le fait est certain : par exemple, beaucoup de livres, et des meilleurs, parlent couramment, à propos de textes du moyen âge, de l'omission ou de la suppression de particules, telles qu'articles et pronoms, dont remploi fréquent caractérise la langue actuelle, mais dont l'absence était jadis normale.
Les faits de syntaxe sont historiques au même titre que ceux de phonétique et de morphologie : il n'y a pas lieu de les expli¬ quer autrement. En face d'un fait de syntaxe médiéval, nous devons oublier nos habitudes modernes, observer le fait exac-