REVUE GÉOGRAPHIQUE DES PYRÉNÉES ET DU SUD-OUEST

tome 59, FAsc. 2-3, pp. 187-204, Toulouse, 1988.

Lisbonne depuis un siècle: de la cité à Taire métropolitaine

par Maria Lucinda FONSECA '

La seconde moitié du XIXe siècle correspond à une période de grandes transformations des structures économiques, sociales et politiques de la société portugaise. Le régime libéral se consolidait. On lança alors une grande politique de travaux publics, notamment dans le domaine des transports : chemins de fer, — le premier tronçon de voie ferrée, Lisbonne-Carregado, fut inauguré en 1856 — , routes, ponts et ports; cela permit d'augmenter et intensifier les flux d'information, de personnes et de marchandises et autorisa, par conséquent, une meilleure intégration du territoire national. Les relations de production de type capitaliste pénétrèrent alors les campagnes, la surface cultivée augmenta, les cultures commerciales, céréales, vigne, prirent plus d'importance. Dans le même temps, l'industrie enregistrait un développement considérable, en particulier à Lisbonne et Porto. Se déclenchèrent alors de vifs courants migratoires des campagnes vers les villes, surtout vers la capitale du pays.

I. L'expansion urbaine à Lisbonne de la fin du XIXe siècle à nos jours

A cause de l'afflux massif d'immigrants originaires des zones rurales, la population de Lisbonne doubla en moins de cinquante ans : 165 000 habitants en 1864, 351 210 en 1900; on assista donc à un élargissement considérable de la zone de peuplement urbain, tandis que le tissu urbain préexistant voyait sa densité augmenter.

En 1879, après avoir détruit l'ancienne promenade publique de Pombal, on fit ouvrir l'avenue de la Liberté; en 1881, on inaugura le quartier Camoes, situé à l'origine de l'avenue, et un an plus tard, à l'ouest de l'avenue, Barata Salgueiro entreprit de construire un nouveau quartier. Dans les années 1880 apparurent aussi les quartiers de Campo de Ourique et d'Estefania et au cours de la décennie