LES ORIGINES DIPLOMATIQUES DU "MAROC ESPAGNOL" (1880-1912)
1 - De Bismark à Delcasse : 1880-1904.
En 1880, lorsque se réunit, à Madrid, une conférence internationale en vue d'uniformiser l'exercice du droit de protection consulaire au Maroc, et de régler un certain nombre de questions s'y rattachant, et que s'ouvre ce qu'en des termes à peu près semblables le Président du Conseil espagnol, Antonio Canovas del Caslillo, et le Premier ministre britannique , Lord Salisbury, vont bientôt appeler "la question d'Occident", par opposition à la vieille question d'Orient, parmi les puissances participantes, l'Espagne et la France possèdent, en Afrique, des territoires limitrophes de l'Empire chérifien.
Les Portugais, dès le XVIème siècle, s'étaient installés sur différents points du littoral atlantique, les avaient successivement évacués, (Mazagan , le dernier d'entre eux, en 1769), non sans y laisser de remarquables vestiges de leur occupation.
Les Anglais, auxquels la dot de l'Infante Catherine du Portugal avait apporté Tanger en 1661, découragés par le harcèlement des tribus avoisi- nantes, s'en étaient retirés en 1684, après en avoir détruit les installations portuaires, sous prétexte, pour sauver la face, que la rade, exposée au vent d'Est, ne présentait pas les conditions de sécurité requises pour les flottes de Sa Gracieuse Majesté.
Plus tenaces, les Espagnols, au contraire, avaient réussi, d'ailleurs non sans peine, à se maintenir sur les petits Présides de la Côte du Rif, Ceuta, Melilla, Alhucemas, occupés au XVIème siècle sur la lancée de la Reconqulsta et du fameux testament d'Isabelle la Catholique, mais sans jamais avoir pu déboucher des très étroites limites de ces places, dites de Souveraineté. Lors de la guerre hispano-marocaine qui avait éclaté à l'automne 1859, d'énergiques représentations de l'Ambassade britannique à Madrid avaient arrêté net l'armée espagnole, qui venait d'occuper Tétouan sans coup férir, sur la route de Tanger. Le traité de l'Oued Rass, ou de Tétouan, (12 avril 1860), indépendamment d'une substantielle indemnité de guerre (dont le marché de Londres allait devoir faire l'avance au Maghzen) , n'avait fait que confirmer, avec de minimes rectifications de frontières ,
