Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 8 - N° 3
1992
Les Chinois de Paris depuis le début du siècle. Présence urbaine et activités économiques*
Yu-Sion LIVE
L'une des caractéristiques des Chinois établis à l'étranger
est leur concentration dans les villes, en particulier dans des quartiers au sein desquels ils reconstituent une vie communautaire dotée d'activités sociales, culturelles, économiques voire politiques. Ce phénomène s'explique dans la recherche d'un effort de rééquilibre de leur mode d'existence dans le pays d'immigration. Les courants migratoires jouent un rôle capital dans la formation, la reproduction ou la disparition des quartiers chinois. L'émigration chinoise est, depuis un siècle et demi, provoquée par des causes démographiques, économiques, politiques, sociales (pauvreté, guerres civiles, changements de régime politique, agressions étrangères, fléaux sociaux...). Les mouvements de départ ont toujours été plus importants que les retours. Suivant les périodes et les situations, ces flux renouvellent la structure démographique, engendrent le ressourcement culturel des communautés chinoises d'outre-mer.
Dans le cas où les courants d'arrivée cessent, il s'avère que les quartiers chinois périclitent, la densité démographique décline comme ce fut le cas des Chinatowns des métropoles américaines des années 20-40 (Lee R.-H., 1949, p. 422-432).
Au regard de l'immigration chinoise en France depuis ses origines, de semblables phénomènes de regroupements urbains se sont produits entre 1920-1940, puis se sont disloqués au terme d'une ou de deux décennies. D'autres se sont perpétués après-guerre sans qu'ils ne soient devenus des Chinatowns comme à New-York, San-Francisco, Toronto, Londres ou Amsterdam. La venue massive des réfugiés d'origine chinoise de l'Asie du sud-est depuis 1975 a créé de nouvelles concentrations chinoises à Paris et sa banlieue (Guillon M., Taboada-Leonetti L, 1986).