Pour une carte archéologique des fortifications étrusques*

Paul Fontaine

Les temples et les nécropoles étrusques sont fameux et occupent une place de choix dans les publications relatives à l'archéologie de PEtrurie antique. Par comparaison, les enceintes étrusques ont peu retenu l'attention. Au contact des Grecs et des Orientaux, les Etrusques ont pourtant développé une brillante civilisation urbaine. Ils ont créé, aménagé beaucoup d'agglomérations grandes et petites et on ne peut perdre de vue que les remparts sont une composante monumentale indissociable de ces centres habités. Comme l'écrit B. Bouloumié, "Le système d'organisation territoriale de l'Etrurie (...) ne pouvait que favoriser le développement d'enceintes d'acropoles ou d'enceintes urbaines de toute nature (...). L'histoire même de l'Etrurie nous révèle la nécessité de ces fortifications contre les pirates, les envahisseurs gaulois ou contre les menaces de Rome, et sans doute aussi contre les visées expansionnistes de tel ou tel voisin plus ambitieux" ('). Témoins d'une forme d'organisation politique fondée sur la cité, reflets de moments de tension ou de crise, ces remparts constituent aussi des témoins à part entière de l'architecture étrusque à caractère monumental. Souvent d'ailleurs, ils représentent les seuls vestiges encore visibles des agglomérations qu'ils ceinturaient. On peut l'expliquer par deux raisons. D'abord, ces remparts furent élevés en pierre. Pour les autres constructions publiques et leurs habitations, les Etrusques recouraient habituellement à des matériaux moins résistants - le bois, la brique crue et la terre cuite ; la pierre n'intervenait qu'en infrastructure (fondation, soutènement, terrasse). En second lieu, quand elles ne sont pas tout simplement enfouies sous une ville médiévale et moderne, comme souvent en Etrurie centro-septentrionale (Orviéto, Pérouse, Chiusi, Arezzo, Cortone, Volterra....), peu de villes étrusques et surtout peu de