L'engagement politique des supporters
« ultras » français
Retour sur des idées reçues
Nicolas HOURCADE
Lf exhibition, le 30 janvier 2000, par des fans de la Lazio de Rome d'une banderole « Honneur au Tigre Arkan1 », accompagnée d'un portrait de Mussolini et de croix celtiques (emblème de prédilection des mouvements d'extrême droite européens), a suscité une telle émotion que la question des liens entre l'extrême droite et les supporters de football s'est de nouveau posée avec acuité. Dans notre pays, les médias et les acteurs du monde sportif se sont interrogés sur la situation italienne, mais ils se sont aussi demandé si de tels phénomènes pouvaient se produire dans les stades français. Les analyses sur le sujet étant souvent superficielles et véhiculant des préjugés infondés, l'objectif de ce texte est simplement de donner une image plus précise de la politisation des supporters de football français, en s' appuyant sur une étude menée auprès de fans de plusieurs clubs2. Comme ceux qui affirment ouvertement des
1. Assassiné en janvier 2000, Arkan, ancien chef d'une milice paramilitaire serbe (les Tigres), était accusé de crimes de guerre. Auparavant, il avait été l'un des meneurs des fans de l'Etoile Rouge de Belgrade. Les auteurs de cette banderole ont affirmé avoir voulu rendre hommage seulement au chef supporter : s'ils admettent leur sympathie pour le fascisme, ils disent condamner la guerre en ex- Yougoslavie.
2. L'enquête, conduite entre 1993 et 1999, repose essentiellement sur l'observation directe des diverses activités des supporters, et sur les discussions informelles nouées en ces occasions. Elle
Politix. Volume 13 - n° 50/2000, pages 107 à 125