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Peut-on jurer « haine à l'anarchie » ? (1799)

[article]

Année 1995 45 pp. 124-126
Fait partie d'un numéro thématique : Dire non en politique
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Marc DELEPLACE0

Peut-on jurer « haine à Y anarchie » ?

(1799)

Du 6 au 8 thermidor an VII (24 au 26 juillet 1799) se déroule au Conseil des Cinq-Cents un débat sur le serment civique institué le 2 pluviôse an V, pour l'anniversaire du 21 janvier 1793 : « Je jure haine à la royauté, haine à l'anarchie, je jure attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l'an III ».

Il s'agit de savoir si l'on conservera la formule de «haine à l'anarchie », qui ne figurait d'ailleurs pas dans le serment du 2 pluviôse an V, mais avait été ajoutée sur proposition de Philippe Deleville, le 22 nivôse an V, dans le climat de réaction antijacobine qui devait aboutir au succès royaliste de germinal, pour qu'il n'y eût point de confusion avec « les partisans de Marat et de Robespierre et leurs successeurs ». Tant du côté des détracteurs, Jourdan et Montpellier, que de celui du défenseur de la formule, Grenier, le débat est remarquable dans ce qu'il révèle de la conscience linguistique des orateurs.

Le débat s'ouvre sur une proposition du vainqueur de Fleurus de supprimer cette formule du serment civique, proposition qu'il étaye d'une argumentation fondée sur Г etymologie du mot anarchie :

« Ce mot signifie absence de tout gouvernement : mais les hommes peuvent-ils vivre en société sans lois, sans un pacte social qui les unisse ? Quel est l'insensé qui voudrait exposer sa personne et ses biens à la discrétion d'un homme qui serait plus fort que lui ? La haine contre un semblable ordre de choses est innée dans le cœur de tous les citoyens ; il est inutile de la manifester avec autant d'éclat » (Opinion de Jourdan sur la formule du serment civique, 6 thermidor an VII, BN Le 43 3383).

° Institut d'Histoire de la Révolution française, Paris 1, 17 rue de la Sorbonně, 75005 Paris.

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