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Les groupes politiques d'extrême-gauche à Nanterre

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Les groupes politiques d'extrême-gauche à Nanterre

1. Ce n'est que le 26 avril que l'UJCml fera son autocritique par la bouche de Roland Castro, en déclarant être désormais «comme un poisson dans l'eau à Nanterre».

Autocritique plus ou moins feinte et qui n'entraîne l'adhésion réelle que d'une partie des membres de l'Union.

2. Par exemple, dans Ce n'est qu'un début de Philippe Labro, éditions Publications premières 1968, dans le chapitre «Un militant du 22 mars raconte», p. 52 : «II y a la JCR peu

nombreuse, ça doit se compter avec trois mains, la FER (l'ex- CLER), même chose, peut-être moins nombreuse. Donc des groupes peu importants qui n'accrochent pas. C'est-à-dire, qu'eux aussi, sont confrontés aux mêmes problèmes que l'UNEF : sur une fac toute neuve, sur un terrain à peu près vierge, d'un seul coup ¡I y a des milliers d'étudiants et il faut s'implanter. Bref, il y a une tradition de la JCR à la Sorbonne. Quand la Sorbonne a été occupée, la JCR a pu s'installer dans ses meubles, du moins en partie. Là, pas du tout, la JCR doit faire un travail de conquête. La JCR, la FER, ou même les marxistes- léninistes

n'accrochent pas». Il faut dire que ce militant du 22 mars n'est pas étudiant à Nanterre et qu'il n'y a mis les pieds qu'en deux ou trois occasions. C'est pourtant lui qui «explique» et décrit les prémisses de mai 68 à la fac !

■ Il ne sera question, ¡ci, bien entendu que des forces politiques ayant exercé leur action dans le sens de l'agitation conduisant à la création du Mouvement du 22 mars. C'est-à-dire la gauche du parti communiste et de sa filière étudiante: l'UEC.

A la rentrée 1967, quatre pôles de regroupement tentent de capter l'adhésion, les suffrages ou simplement la sympathie des étudiants politisés. La JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire) d'obédience trotskyste, la LEA (Liaison des étudiants anarchistes), le CLER (Comité de liaison des étudiants révolutionnaires), trotskyste lui aussi, mais «lambertiste», et les pro-chinois de l'UJCml (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes). Leur importance est inégale, tant numériquement que par la façon dont ils vont se situer ultérieurement.

Le binôme JCR/libertaires va se retrouver au cœur, à quelques exceptions près, de la dynamique qui va converger vers le Mouvement du 22 mars.

Le CLER et l'UJCml en revanche, se situent constamment en dehors et contre cette dynamique. Le CLER jusqu'au bout, parce qu'il n'envisage de lutte QUE dans le cadre strictement syndical ; l'UJCml jusque fin avril 19681 parce qu'il considère qu'un militant révolutionnaire ne peut qu'être au service du peuple et que, par conséquent, les luttes dans le cadre universitaire ne peuvent avoir qu'un caractère «petit-bourgeois et réactionnaire».

Chaque organisation possède des zones d'influence spécifiques : la JCR contrôle le CVN (comité Vietnam) de Nanterre dont les 4/5 sont proches de l'organisation ; elle s'occupe en outre activement de l'UNEF et de l'ARCUN (association des résidents de la Cité-universitaire). La LEA s'est plus ou moins fondue dans la Tendance syndicale révolutionnaire fédéraliste qu'elle a

créée à la fin de 1966. Le CLER anime et dirige la Tendance révolutionnaire de l'UNEF que les anarchistes ont quittée en 1966. Quant au CVB (Comité Vietnam de base) et au groupe de soutien aux luttes du peuple, ils sont les émanations directes de l'UJCml.

A la rentrée 1967, que représentent numériquement ces quatre pôles ? La JCR regroupe une quaran- taine de personnes sous son influence directe, dont environ vingt cinq sont adhérents stricto sensu. Si la LEA ne compte qu'une quinzaine de participants, la Tendance syndicale révolutionnaire fédéraliste en rassemble une bonne quarantaine actifs sur la faculté.

L'UJCml et le CLER, avec leurs 7 ou 8 adhérents contrôlent, par le biais du CVB et de la «tendance», entre vingt-cinq et trente étudiants pour la première, une quinzaine pour le second.

A ces quatre organisations, il faut ajouter deux ou trois membres de Lutte ouvrière qui, comme l'UJCml, ne se consacrent pas aux luttes étudiantes mais qui, en revanche, soutiennent à l'occasion les plus radicaux par un vote ou un coup de main (ils sont présents le soir du 22 mars) ; également trois ou quatre ESU (Etudiants socialistes unifiés), partagés entre la tendance majoritaire du PSU qui contrôle l'UNEF nationale et qui se situe dans le cadre de la gauche institutionnelle, et une minorité prochinoise proche du PCMLF.

Il y a, enfin, le groupe de ceux que l'on a appelés les «pro-situs», en fait, les «enragés». On les confond, en général, avec les anarchistes. L'un d'entre eux, effectivement, lycéen en 66-67, était en contact avec la LEA et s'est retrouvé, à la rentrée 67, à la Tendance syndicale révolutionnaire fédéraliste avec deux de ses camarades. Après une collaboration de courte durée, ils la quittent après la grève de novembre 67. Ils forment alors à sept ou huit le noyau «pro-

situ» qui deviendra célèbre par plusieurs interventions : deux affiches («en attendant la cybernétique, les flics» et «A vous de jouer, camarades»), la chanson «La grappignole» sur l'air de la Carmagnole, et nombre d'inscriptions sur les murs qui préfigurent le «style de mai». Le soir du 22 mars, trois d'entre eux seront en pointe pour fouiller les bureaux administratifs et tenter de détruire les dossiers des étudiants. La polémique qui s'ensuit avec le reste des occupants consomme la rupture : ils quittent la salle et ne seront jamais dans le Mouvement du 22 mars, mais se retrouveront en mai dans le Conseil pour le maintien des occupations. Ce soir-là, cinq d'entre eux resteront avec les occupants et seront exclus du groupe au petit matin. Un seul, Riesel, sera par la suite réellement un membre de l'Internationale situationniste.

Mais quelle a donc été l'influence de ces groupes politiques dans le développement des événements nanterrois ? Un cliché répandu veut qu'ils aient été très peu importants, et sans influence réelle2. Or, cela semble très partiellement exact et une analyse plus approfondie donne des éléments contraires.

D'abord, sur le plan strictement numérique. Les «groupuscules», comme on les appelle à l'époque, représentent, nous l'avons vu, entre 130 et 140 personnes agissant, pour la plus grande partie, en lettres où il y a 12 000 inscrits en 1967/1968. Cela représente 1,1 %. Or, en mars 1967, il y a en France 28 millions d'inscrits sur les listes électorales ; si on prend le chiffre de 30 millions pour y inclure les 18-21 ans qui auront bientôt le droit devote, 1,1 %, cela représente 330 000 personnes. C'est à peu près le nombre de militants que compte réellement à l'époque le parti communiste qui, à ces élections, recueille 17,7 % des voix des inscrits, et 22,4 % des votants. Autrement dit, pris dans leur ensem-

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