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Instruction des femmes et politique chrétienne dans La Gallerie des femmes fortes du Père Le Moyne
Pierre Le Moyne reste toujours victime du verdict porté par Pascal dans les Lettres provinciales sur ses Peintures morales et sa Dévotion aisée. Jacqueline Plantié approuve la lecture des Peintures morales par Pascal qui «devait récuser le portrait du Christ donné par le Père Le Moyne ou tout autre portrait écrit sur le même principe, en tant que ces portraits sont tout profanes, parfaitement imagi¬ naires, et absolument superficiels1 ». Richard Crescenzo adopte une perspective plus pertinente quand il érige Le Moyne «en héritier de l’ecphrasis rhétorique2 ». Selon Crescenzo, Le Moyne «tire le meilleur parti de la technique mise au point par les éditeurs de Vigenère et leurs continuateurs » parce qu’il «juxtapose [...] texte et image dans les Peintures morales [...] d’une façon bien plus souple, infiniment plus habile que ses contemporains3 ». Le critique situe le projet d’une «galerie » de notre jésuite «dans la lignée de Philostrate et de Marino4 » et souligne la «nouveauté des Peintures morales [qui] consiste à faire passer Yecphrasis de la description à la narration5 ».
Le Moyne pense aux femmes quand il érige l’image en structure du récit dans la fiction de l’Érotie parce qu’il déclare dans la préface du tome II des Peintures morales :
1 La Mode du portrait littéraire en France (1641-1681), Paris, Champion, 1994, p. 570-571.
2 Peintures d’instruction. La postérité littéraire des Images de Philostrate en France de
Biaise de Vigenère à l’époque classique, Genève, Droz, 1999, p. 250. ,
3 Ibid., -p. 250.
4 Ibid., p. 252.
5 Ibid., p. 252.
Littératures Classiques, 39, 2000