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Philosophie et langage. A propos de Jean Bollack et du Centre de Recherche philologique de Lille

[article]

Année 1998 129 pp. 64-75
Fait partie d'un numéro thématique : Diversité de la (des) science(s) du langage aujourd'hui
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Denis THOUARD C.N.R.S. Lille

PHILOLOGIE ET LANGAGE

A propos de Jean Bollack et du Centre de Recherche philologique de Lille

S'il est question ici d'une discipline déjà ancienne, la philologie, plus volontiers synonyme d'érudition pesante et, pour tout dire, de dépense d'efforts un peu vaine, c'est qu'il me semble, d'abord, qu'elle a été le lieu, pendant des siècles, au même titre que la grammaire ou la rhétorique, mais autrement, d'une réflexion sur le langage. Celle-ci s'est attachée bien sûr à la matérialité des textes, leur établis sèment, leur authenticité, leur histoire, mais aussi à leur signification et à leur mode de signifier. C'est quand ce savoir séculaire, composé d'observations et de règles disséminées dans le travail même d'édition et d'émen- dation, s'est trouvé repris dans une réflexion unitaire, sous la forme d'une encyclopédie de l'antiquité et d'une théorie de l'interprétation, qu'un seuil a été franchi, et que la philologie a aspiré à se former en une science (de l'Antiquité) ou en une méthode (de la compréhension). De différentes manières, cette rupture s'est opérée en Allemagne vers la fin du XVIIIe siècle, sous l'impulsion de philologues comme Friedrich August Wolf (1759-1824), le premier à fonder un « séminaire de philologie » à l'Université de Halle, et surtout de ses élèves. Schleiermacher, Friedrich Schlegel ou Ast ont ainsi tenté de réfléchir systématiquement l'unité d'une discipline soit autour de son objet, compris comme le « monde antique au sens large », ainsi que le fait Ast, soit de ses procédures, comme chez Schleiermacher. Son herméneutique présente une conception de la signification d'une grande portée théorique, dont les indications n'ont cependant pas été suivies. Ou plutôt, la grande synthèse de l' Encyclopédie et méthodologie des sciences philologiques d'August Boeckh en reprend bien des éléments, mais dans une perspective historicisante. Par ailleurs, la philologie tend à se figer au cours du siècle, la critique se coupant de l'herméneutique avec Lachmann, et l'étude des textes se concentrant de plus en plus sur les « faits » et une « scientificité » de type positiviste, non exclusive d'évaluations, comme chez Wilamowitz. On a affaire à la solidification d'un mode de questionnement qui constitue, sur le plan théorique, plutôt une régression qu'un approfondissement l.

1. Ce que ne voit pas J. C. Milner quand il présente la grammaire comparée allemande de la fin du XIXe siècle comme étant « intellectuellement contemporaine » de Schleiermacher et non de la science de son temps, Introduction à une science du langage, Paris, Seuil, 1989, p. 99. En fait, il faudrait soutenir le contraire : cette discipline ne s'inspire que de loin en loin de la méthodologie de l'époque romantique, dont le questionnement est aplati de manière positiviste. Elle eût gagné à le faire, évitant par là le scientisme où elle est tombée (entre Févolutionieme de Schleicher et les Néo-grammairiens). Pour une mise en place de cette problématique complexe, voir l'article de P. Judet de La Combe, « Philologie classique et légitimité. Quelques questions sur un 'modèle' », in M. Espagne/M. Werner (éds.), Philologiques I, Paris, MSH, 1990, pp. 23-42.

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