Plan

Chargement...

Figures

Chargement...
Couverture fascicule

Problèmes de succession à la chefferie de l'île des Pins en 1974

[article]

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 119

Problèmes de succession à la chefferie de l'Ile des Pins en 1974.

par Marie-Joseph Dubois

Origine de la chefferie actuelle.

Le chef Barthélémy Kwaneye Vâdëku * de l'île des Pins est décédé le 20 juillet 1974. Barthélémy laissait trois fils adultes, Alexandre, Abel et Hilarion. Les deux aînés bien que mariés et pères de famille, laissèrent leur place à la chefferie à leur cadet, Hilarion, encore célibataire parce qu'il avait son B.E.P.C, et qu'il convenait que le chef, en contact avec les Blancs, ait un certain niveau d'instruction. Les choses paraissaient claires, lorsque se leva un deuxième prétendant, Jean-Marie Trouru, des joo trll api Co, fils de Guillaume Kè'èïva, un des anciens maires de l'Ile des Pins. Les joo trll kwênyll, les gens de l'île des Pins, ont en effet séparé l'autorité du grand ckef Va Vôrô de celle, moderne et administrative, du maire de la municipalité.

Pour comprendre cette opposition, il faut jeter un regard sur les temps passés et connaître la formation des sous-clans et des lignages de la chefferie.

Dans les premières décennies du xvme siècle débarquait sur la côte ouest de l'île une pirogue partie de Lifou. Ces Lifous à la belle prestance avaient à leur tête Pile Ketiwaarë (c'est-à-dire Xetiwan). Il venait de Nyiângatre (= Inangoj dans le district du Lôsi). Le P. Lambert (1900 : p. 258 sq.) raconte cette histoire. En 1974, j'ai trouvé cette tradition extraordinairement bien conservée. Ces gens, lointainement d'origine ton- gienne, abordèrent à DrAApë (P. Lambert : Dapey; Guiart 1963 : Dapei) dans une petite anse au nord de la baie de Vûrô (P. Lambert : Ouro), la Baie de la Corbeille, que l'on m'a montrée. Pile fut bien reçu par le maître du rivage, trll lall (P. L. : Ti Lali), chef des Wamâbare (P. L. : Ouamambaré). Celui-ci emmena les Lifous à Wania dans la région de Vûrô. Pour la fête des ignames nouvelles, ils allèrent ensemble à KaacII, KAAcII (Gadji) dans le nord, chez trll GotAAi (mot à mot « moi seul » ; P. L. : Gotay) chef des joo trll Nôngwéré (Guiart, p. 227 : NèwèRè), clan aîné des KAAtë. Les autres habitants de l'île, au lieu de répondre à l'invitation de GotAAi allèrent glisser sur les vagues au rivage de Tthërë, Ttheré (entre kAAcII et Vwavïyô = Ouavuo). Pile donna à GotAAi l'igname grillée et les bananes trikétrâ (la banane kiamu d'Ana- tom à Mare et à Lifou). Mécontent de ses invités, GotAAi, avec l'accord d' Icicaas(i) Kotërë, donna la chefferie de toute l'île à Pile. C'est sur ce fait que se basent les représentants actuels des clans Kotërë et KAAtë pour proclamer le grand chef à la mort de son prédécesseur. On leur adjoignit plus tard les JOO trll api Këëwa (Apikawa) issus de la descendance de Pile. De là l'indignation de Pothin, représentant la chefferie des Kotërë en 1974, en voyant les « petits chefs » (qui n'ont aucune existence traditionnelle), l'auxiliaire de gendarmerie Joachim Lèin (Lémé), les gendarmes, le sous-préfet, les partis politiques se mêler du choix du successeur de Barthélémy Kwaneye qu'il avait proclamé

chef dans sa jeunesse. « C'est un scandale! », me disait-il.

Le choix de GotAAi amena des conflits dont le détail est raconté par le P. Lambert (p. 259 sq.) et dont le souvenir s'est bien conservé par morceaux isolés. À cette époque (le xvme siècle) trois chefferies dominaient le sud de l'île ; les anciens habitants furent les JOO trll Va ngwërë pour les distinguer des Lifous de Pile qui furent les joo trll Ttheré {ttheré = regarder fixement) nom qui leur fut donné du temps de Wamatrenge, fils et successeur de Pile. Ces chefferies, Va Vôrô, étaient celles de :

1. Waadeewé (en mare Wadrewî) chef des joo trll Upï (un des plus anciens clans de l'île des Pins). Il habitait Kurenyâ (en mare gu-re-nia = mauvais endroit) dans la Baie de St. Joseph, dans le sud-est. Il avait pour sujets les Kapumé et les Nûkwâ (Nôkwâ, Nôkwâ, Nokuâ), tous deux issus de Tonga (TtôngA, TtokA), et maîtres alors du site à poterie Lapita de Vaaca (au sud du village actuel de Vao) où ils habitaient ; le clan ancien des Wayfirû (origine des clans si Wairu de Mare).

2) Koovi (= « trace de parole », « effet de parole »), chef des joo trll Wamâma (ou Wemama, Omama, Wëmâmwa, Waimëma) dans la région de Truetè (Touété). Il avait pour sujets l'ancien clan des Mwiiyô (Guiart, p. 217 : Mwiye), les UUnyô ou Vuunyô (en jumelage avec les Wamâma), les Tëmiyà (Guiart, p. 217 : Têmiya), les Wèètromwea ou Waatrobwea, les Kokuë, les Dèènl ou DeemI (la chefferie actuelle des Wamâma est tenue par Pierre Koovi de la famille Lëlëya, du clan Dèènl), les Kanyawa.

3) KwAAkwAA et trll lall chefs des joo trll Wamâbare qui habitaient à Viirô, Baie de la Corbeille. Ils avaient pour sujets : les Kôôvû ou Kôôu de Komwanya, les Vaama et les joo trll Wamôo de la Baie de Wamôô (Ouaméo), et les Kwate de kAA (région de Kuto), les trll Watritri de Viirô et d'autres clans que la mauvaise graphie du P. Lambert ne permet pas d'identifier.

Par contre devinrent rapidement les alliés des Lifous :

1) Les Nôngwéré, avec les Kotërë, les kAAtë, les Va kumé, les Dërë qui habitaient à Nyêngwè qui est le nom de la région de KAAcII ; et

2) À Wapâng(a) (Ouapan, Wapan) les trll khôrô, terme collectif qui recouvre tous les habitants de Wapâng(a), dont les chefs étaient les trll Vano, et les sujets étaient les Gureyaa, les Maamiô ou Mwamiiô (Guiart, p. 213-214 : Mwamiyë),, les Kûûbware. Les Lèm (Lémé) n'étaient pas encore arrivés à l'île des Pins, et les Va kîîé n'existaient pas encore.

Je me contenterai de donner la généalogie de Pile Ketiwaarë, avec les sous-clans et les lignages qui en sont issus, selon les renseignements fournis par les écrits du P. Goujon, le livre du P. Lambert, les livres paroissiaux de la Mission et mes informateurs.

* Les noms de personnes sont en italiques, les noms de clans (ou de tribus) sont en caractère gras.

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw