CONDITION DE L'ETHNOLOGUE
Gérald GAILLARD (1) (Université de Lille 1)
Interpeller l'ethnologue sur la perception qu'il a de sa place dans les "hiérarchies sociales" convoque à la subjectivité et c'est au reste l'honneur du " Journal " que d'être devenu le lieu d'une discursivité réflexive. Partant, puisqu'elle implique de définir la situation ethnologique, je me suis permis d'élargir le thème à ses ramifications. Une démarche exigeant que soit stipulé ce sur quoi l'exercice ethnologique se fonde. Nous rejoindrons ainsi la question par un cheminement partant de l'altérité pour traiter de l'expérience de la situation ethnologique dans une radicalité qu'on voudrait productive et questionnante (2).
L' ailleurs et l'ici
Quoique l'on puisse le déplorer, l'ethnologie (3) oeuvre toujours en pratique dans un rapport d'éloignement à son objet. Elle est fille de l'altérité. Depuis ce fait, Gérard Althabe avait dressé un portrait de celle du
1. Après une thèse sur l'Histoire de l'ethnologie, Gérald Gaillard travaille auprès des Biafada/Yola de Guinée Conakry et Guinée Bissao.
2. Je remercie Alain BADIOU dont l'enseignement est pour beaucoup la matière de ces pages.
3. Les ternies d'ethnologie et d'anthropologie sont ici employés indifféremment. Nous avons voulu par cela respecter les actuels choix de la profession. Nous pensons cependant que la substitution du second des termes au premier n'est plus une bonne chose, car si la "confusion" a joué un rôle politique positif en oblitérant le nouveau rapport à un terrain post¬ colonial, l'écart entre ce qui jamais n'est défini (l'anthropologie), mais dont le prestige se donne en creux et les pratiques réelles (ethnographie, ethnologie), ne manquera pas de faire retour.
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