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Les ragoûts de chien : prophylaxie, beauté et gastronomie

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Fait partie d'un numéro thématique : Manger au Maghreb
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Djafar, chambellan du Mahdî Ubayd Allah, rapporte l'anecdote suivante : en 905, la caravane qui mène le futur calife f atimide à Sid- jilmâsa dans le Sud marocain s'arrête à Tozeur, où le Mahdî commande à Djafar de lui faire rôtir un petit agneau pour son repas. Le chambellan suit jusqu'à sa demeure un habitant qui promet de lui fournir ce qu'il cherche et se trouve face à un chien à poils longs, aux yeux rouges, attaché à une grosse chaîne. L'homme vante la graisse de son chien et lui explique que depuis deux mois, l'animal est immobilisé et gavé de dattes. Djafar comprend alors que ce chien est engraissé en guise d'agneau et s'enfuit en le voyant se jeter sur lui du bout de sa chaîne. Il arrive mort de peur et haletant chez le Mahdî, implorant que la malédiction divine s'abatte sur cette région et sur ses habitants. Lorsque Djafar explique les causes de sa frayeur, le Mahdî et son fils en rient si fort qu'ils parviennent à le calmer1. Ce court récit de la Sîrat Djafar al-hâdjib est la plus ancienne mention arabe de la cynophagie maghrébine.

les ragoûts de chien :

prophylaxie, beauté et

gastronomie

Virginie prevost

Les géographes arabes

Al-Muqaddasî est le premier géographe qui l'évoque, vers 985, alors qu'il décrit les vices des Berbères. Dans deux villes de l'Ifrîqiya, Qastîliya/Tozeur et Nefta, de la viande de chien est vendue aux crochets des bouchers2. Au xT siècle, al-Bakrî confirme que les habitants de Tozeur apprécient la chair des chiens: ils les engraissent dans leurs jardins en les gavant de dattes, puis les dégustent. Un homme qui avait été accueilli parmi les habitants de Tozeur a informé le géographe qu'on lui a fait manger une viande qu'il a trouvée très savoureuse. Il a demandé ce que c'était et on lui a répondu que c'était de la viande de chiot engraissé3. Al-Bakrî mentionne également la pratique d'engraisser ces animaux à Gafsa, toujours dans le Sud tunisien, et à Sidjilmâsa, à l'autre bout du Maghreb4. Al-Idrîsî précise en 1154 que les habitants de Sidjilmâsa mangent du chien et du lézard, que les femmes consomment pour grossir5. Selon l'auteur du Kitâb al-Istibsâr, au xir siècle, les habitants du Djérid engraissent les chiens en les nourrissant abondamment de dattes et prétendent qu'ils deviennent alors la plus délicieuse des viandes6. Il ajoute qu'à Sidjilmâsa il n'y a pas de chiens, car les gens les engraissent et les mangent7. Au début du XIVe siècle, Abu 1-Fidâ'confirme d'après Ibû Saîd que les habitants de Sidjilmâsa engraissent les chiens et s'en nourrissent8. Enfin, al-Tid- jânî n'a trouvé à Tozeur en 1307 que des habitants qui affirmaient consommer la chair des chiens et la trouver à leur goût; il rappelle

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