IMMIGRATION ET GASTRONOMIE

La cuisine asiatique par Le Huu Khoa

Une des manifestations -la plus visible -de la présence des communautés immigrées du Sud-Est asiatique dans le pays d'accueil est l'importance de l'occupation de "l'es¬ pace alimentaire" : restaurants, commerces...

L'alimentation a toujours été une des premières for¬ mulations du besoin dans le regroupement communautaire. Po¬ ser le problème de l'exigence alimentaire à tous les stades de l'intégration des communautés du Sud-Est asiatique c'est, à la suite de multiples études ethnographiques, donner à ce problème une dimension à la fois culturelle et économique.

L'histoire de cette immigration commence bien avant l'arrivée des réfugiés en 1975. Depuis deux siècles en effet, la France est l'aboutissement de nombreux flux migratoires, qu'ils soient chinois, cambodgiens, laotiens ou vietnamiens. Tout au long de cette histoire, des indices prouvent que les groupes immigrés ont toujours cherché à se garantir un appro¬ visionnement régulier en vivres par la plantation de cultu¬ res diverses répondant à leurs propres exigences alimentaires.

La riziculture en Provence/Camargue

Entre 1940 et 1945, pour les besoins de la guerre, plus de vingt mille Vietnamiens ont été employés à des tra¬ vaux divers dans l'industrie ou d'autres secteurs d'activi¬ té. La plupart étaient regroupés dans le midi de la France. La société Ricard a été une des premières à investir dans la culture du riz en Camargue, profitant de la présence de Vietnamiens d'origine rurale possédant une bonne expérience de la riziculture. On connaît le succès qui s'en suivit, donnant à cette région un véritable mono po le de la culture et de la commercialisation du riz.

Depuis longtemps d'ailleurs, le midi de la France était un lieu propice à la production de légumes et végétaux provenant notamment de la péninsule indochinoise (Cambodge, Laos, Vietnam). Jusqu'en 1975, cette région a assuré pour l'essentiel la consommation des Asiatiques installés en

HOMMES ET MIGRATIONS N° 1105 -JUILLET 198?