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Tracé autoroutier et stratégies politiques locales dans les années 1990 : l'exemple de l'A 83 dans le Marais poitevin / Motorway routes and local political strategies in the 1990s : the example of the A83 in the Marais Poitevin

[article]

Année 2002 77-1 pp. 65-72
Fait partie d'un numéro thématique : Autoroutes, acteurs et dynamiques territoriales
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'EOCARREFOUR VOL 77 1/2002

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Sylvie VIEILLARD-COFFRE

CRAG - Université Paris Vlil

Tracé autoroutier et stratégies politiques locales dans les années 1990 : l'exemple de ГА83 dans le Marais poitevin

Les contestations de tracés autoroutiers se sont multipliées en France depuis le début des années 1990. Lors de ces situations, une recomposition politique locale peut s'opérer, certains acteurs acquérant un poids politique nouveau compte tenu de leur positionnement, et d'autres, en perdant. Ces oppositions s'inscrivent dans un contexte général de débats publics qui sont également plus nombreux et fortement médiatisés. Or, si de nombreux acteurs peuvent prendre position, certains d'entre eux maîtrisent particulièrement bien les effets de discours, les stratégies médiatiques et plus généralement politiques. Ils ont donc un poids important dans les débats et la vie politique locale. Aussi, l'analyse du jeu de ces principaux acteurs et des stratégies qu'il peut servir apparaît-elle déterminante, tout en étant pour le moins complexe. En effet, en cette période où la population est demandeuse de transparence dans les décisions publiques et de concertation, comment ces principaux acteurs peuvent-ils intervenir concrètement dans les choix d'aménagement du territoire et, donc, dans les rapports de force locaux, sans trop sembler tirer profit des décisions prises ?

Rendre compte du rôle que peuvent jouer certains acteurs et des stratégies personnelles qui les font agir ainsi nécessite de travailler sur des cas particuliers, avant d'envisager d'éventuelles comparaisons. Non seulement les contextes géographiques diffèrent d'un cas à l'autre, tout comme les questions posées par les projets de tracés autoroutiers, mais les acteurs essentiels du débat local sont également amenés à être plus ou moins nombreux, et à disposer de lieux de pouvoir différents. A titre d'exemple, diverses structures de coopération intercommunale ont été développées. Or, leurs pouvoirs mais aussi l'imbrication de plusieurs d'entre elles varient selon les contextes et les rapports de force locaux. Peut-on alors imaginer retrouver les mêmes types d'acteurs essentiels du débat et avoir affaire à des recompositions politiques comparables ? Un exemple semble offrir un éclairage intéressant pour ces deux axes de réflexion que sont le rôle joué par certains acteurs dans un débat particulier et l'articulation de leurs stratégies politiques. Il s'agit de l'opposition au tracé de l'autoroute A83 et, notamment, du positionnement de Ségolène Royal (Parti socialiste)1.

Contestation du tracé de l' A 83 et mise en avant d'un élu

Dans le cas du tracé de ГА83 prévu dans le Marais poitevin, c'est essentiellement la prise de position personnelle d'un homme politique - d'une femme en l'occurrence, relayée par les médias, qui a modifié le contexte du débat local. Mais ce qui est apparu en 1990, comme une position particulière se distinguant de celle de la grande majorité des acteurs locaux, doit être considéré comme le fruit d'un processus.

Le projet de tracé de l'autoroute Nantes-Bordeaux devait en fait rejoindre ГА10 aux environs de Niort. L'itinéraire envisagé à l'ouest de Niort visait à relier au plus court, selon une direction nord-sud, Fontenay-Le-Comte à l'arrière-pays de La Rochelle. L'autoroute devait donc passer en bordure du Marais poitevin (fig. 1). La zone maraîchine concernée connaît à la fois une partie peu caractéristique du marais (en son extrême est) et ses paysages les plus renommés. La "Venise verte" est, en effet, la vitrine du marais. Elle attire chaque été près d'un million de touristes, pour les promenades en barque que l'on peut y faire sur des canaux silencieux, couverts de lentilles d'eau et bordés d'arbres.

Initialement, un tracé largement soutenu localement

Pour les promoteurs du tracé autoroutier en bordure du marais, la construction rapide de ce nouvel axe de traversée nord-sud de la France (symboliquement appelé "Autoroute des estuaires") avait un fort intérêt économique. Niort et sa région pourraient d'autant plus en tirer profit que le contournement autoroutier servirait de périphérique à l'agglomération. Une aire de repos et une sortie auraient pu drainer un tourisme plus important dans les environs et servir de vitrine touristique aux produits régionaux. La majorité des acteurs politiques et économiques de la région soutenaient ce projet de tracé, y compris les élus du bureau du Parc naturel régional (PNR) du Marais poitevin qui aurait été traversé par l'autoroute. Ségolène Royal elle-même, élue députée en 1988 dans les Deux-Sèvres et dont la circonscription électorale était en partie concernée, ne s'est vraiment positionnée contre le tracé qu'en 1990, lors du débat suscité par l'enquête d'utilité publique.

Les critiques du projet autoroutier sont initialement venues des écologistes associatifs locaux. Avant ce projet, les questions de la protection des paysages et des milieux naturels avaient déjà été soulevées dans le Marais poitevin. Cependant, face aux enjeux du développement agricole dans cette zone, les écologistes n'ont acquis un pouvoir d'intervention sur l'occupation de l'espace dans le marais que depuis la fin des années 1980. Ils ont alors été très présents dans les débats, se positionnant ou participant aux diagnostics environnementaux. Ils ont bénéficié ' d'une amélioration des résultats électoraux des écologistes en France et de l'écoute que leur accordait la presse locale car, regroupés en une Coordination pour la défense du Marais poitevin, ils avaient déposé une plainte auprès de la Commission Européenne2. Considérant que le PNR créé dans le Marais poitevin en 1979 n'avait pas eu les moyens de mener une réelle politique de protection, il leur semblait que seules des mesures fortes et globales pouvaient encore

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