L'AVENIR DES SOCIÉTÉS DE BOURSE
Michel Vigier,
Analyste financier, Cholet-Dupont
Passant d'un environnement réglementé et protégé à une ouverture complète sur des marchés concurrentiels, dérégulés et à haut risque, les Sociétés de Bourse françaises se voient aujourd'hui confrontées à d'importants choix stratégiques : insérées dans un environnement européen où s'opposent le modèle anglo-saxon du brokerage et le modèle allemand de la Banque universelle, elles doivent essayer de préserver une organisation française de marché et de ses intermédiaires, tout en étant 235
capables d'offrir l'ensemble des services de conseil, d'intermédiation et de gestion à leur clientèle tant domestique qu'internationale. Ces enjeux expliquent la révolution culturelle en cours, qui s'est malheureusement accompagnée d'accidents, et devra se poursuivre par d'importants ajustements structurels, humains et financiers.
Les conséquences de la déréglementation
Le « big-bang » parisien a officiellement éclaté en mars 1987 mais il fut précédé d'une série d'entorses à l'organisation traditionnelle fondée sur un monopole corporatif :
• La négociabilité des courtages bancaires via les rétrocessions — abandon du monopole de négociation sur obligations via la création des SVT — autorisation de la contrepartie sans ratios prudentiels précis — accès des Agents de Change à la gestion de valeurs mobilières, domaine traditionnel des banques et assurances — création des marchés de futures échappant au monopole des Agents de Change. Plus fondamentalement, l'obsolescence du système corporatif et l'attitude rétrograde de nombre d'intervenants arcboutés sur leurs privilèges contribuait à l'émergence de marchés parallèles ou offshore et notamment à Londres, dont la City bénéficiait de