ERMENONVILLE: LES LIEUX DU TEXTE
D'UN JARDIN
par Gérard Blanchard
A Jean-Claude Curtil
ferrais nonchalamment dans les bols et dans les montagnes,
n'osant penser de peur d'attiser mes douleurs.
Mon imagination qui se refuse aux objets de peine laisse mes sens
se livrer aux impressions légères mais douces des objets environnants.
Mes yeux se promenaient sans cesse de l'un à l'autre,
et il n'était pas possible que dans une variété si grande,
il ne s'en trouvait qui les fixaient davantage et les arrêtaient plus longtemps.
Jean-Jacques Rousseau. Septième promenade des Rêveries du promeneur solitaire.
Le 12 avril 1778, «Jour de Pâques fleuries», Jean-Jacques Rousseau commence à écrire la dixième promenade des Rêveries, puis la laisse inachevée sans raison apparente. Le 20 avril, il se rend sur l'invitation du marquis de Girardin à Ermenonville où il meurt le 2 juillet. Il est alors enterré dans l'île des peupliers du parc.
Le parc d'Ermenonville réalise ce que Rousseau avait rêvé : le jardin de l'Elysée à Clarens qu'il décrit, durant l'été 1756, dans la Nouvelle Héloïse (parue, avec un recueil de gravures de Gravelot, en 1761).