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CHARLES CHAMOIS, ARCHITECTE PARISIEN (VERS 1610-APRÈS 1684)

par Marie-Agnès FÉRAULT

Bien qu'il ait travaillé pour les familles Le Tellier-Louvois et Colbert, et joui de son vivant d'une certaine réputation pour être consulté sur les projets du Louvre, Charles Chamois est demeuré dans l'ombre et son œuvre, disparue pour l'essentiel, reste mal connue (1).

A la fin du XVIIe siècle, seul Germain Brice cite dans sa Description de la ville de Paris quelques-unes de ses œuvres (2) : les couvents des Bénédictines de la Ville-l'Évêque, de la Visitation du faubourg Saint-Germain et des Nouvelles Catholiques près de la porte Gaillon, ainsi que le château de Chaville et l'hôtel Louvois que gravent Pérelle et Mariette (3). Un siècle plus tard, dans son Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Pans, Thiéry se borne à le nommer à propos de l'hôtel de Louvois (4). A la fin du XIXe siècle, Lance et Bauchal (5) se contentent de reprendre Brice, tandis que Brault lui attribue, sans preuve, l'achèvement de l'hôtel de ville de Troyes en 1674 (6). Aux œuvres citées par Brice, L. Hautecœur ajoute la chapelle des Bénédictines de Saint-Louis à Rouen (7); M. Jean-Pierre Babelon signale ses travaux en 1636 pour les Filles-Dieu (en fait les Filles-Bleues), en 1642 pour le sieur Galland, en 1645 pour Gaspard de Fieubet, et indique qu'il meurt après 1677 (8) ; enfin l'étude sur Le quartier des halles à Paris mentionne ses interventions au bureau des épiciers-apothicaires en 1649 et au marché aux carpes et aux poissons d'eau douce en 1662 (9).

Tels étaient les seuls éléments connus jusqu'ici. Une enquête plus systématique menée essentiellement au Minutier central des notaires parisiens permet de préciser et d'accroître sensiblement le corpus de son œuvre qui fait de lui plus qu'un architecte mineur.

Origines familiales et carrière

Ses parents, François Chamois et Thomasse du Tertre (ou du Tart, ou du Tartre), se sont mariés le 24 août 1606. Son père, alors âgé de vingt-six ans, fils de Nicolas Chamois, «tailleur de pierre demeurant en la ville d'Auxerre», et de Madeleine Bourtault, était lui aussi «tailleur de pierre» et demeurait rue des Gravilliers. Sa mère était la fille de Marie Germain et de Pierre du Tertre, «praticien» (10). En 1617, son père porte le titre de «maître maçon» (11).

Né entre 1608 et 1613 (12), Charles Chamois semble être le seul à avoir suivi la voie paternelle (13) et il épouse, avant 1632, la fille d'un maître maçon, Marie Savaria (ou Savariac) (14) qui lui donne quatre fils (15). Il demeure rue des Orties «proche les galleries du Louvre paroisse St Germain de l'Auxerrois» dans une maison (fig. 1) que lui louent les chanoines de Saint-Thomas-du-Louvre (16). Sa femme y meurt le 20 septembre 1658 (17). Il se remarie le 6 janvier 1666, avec Marguerite Barbé (ou Barbey, ou Barbet), veuve de l'un de ses commanditaires, et prend alors demeure rue des Barres, paroisse Saint-Gervais (18).

Outre cette maison, il en possède plusieurs à Paris qu'il bâtit, loue et revend (19), ainsi que des «fermes, terres labourables prez bois» dans le «fief de Bourlemont sciz en la paroisse d'Herbeville» (Yvelines) et au village de Crespières (Yvelines) (20).

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