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L'unité du livre X de la « République » et sa fonction dans le dialogue
Le livre X de la République a souvent été considéré par la critique moderne comme une sorte d'appendice du dialogue, constitué par une suite de développements qui s'accorderaient plus ou moins malaisément entre eux1. Ainsi, H. Gauss, dans son commentaire cursif des Dialogues, parle d'un post-scriptum ajouté après coup (« spâterer Zusatz »), divisé de surcroît en deux développements annexes (« Anhang » I et II, le premier consacré à une critique de l'Art, le second à un mythe escha- tologique), et qu'il faudrait tenir pour des réflexions élaborées postérieurement à l'achèvement du dialogue proprement dit (« Nachgedanken ») — par conséquent étrangères à son plan primitif2. Un examen un peu plus précis de la composition du livre permet en fait d'y distinguer, avec G. Else3, quatre développements principaux, séparés par de brefs passages de transition et suivis par une rapide conclusion. La première section (A, 595 a 1-608 b 3) est un examen critique de la poésie « mimétique », qui aboutit à confirmer la décision de bannir la poésie de la Cité idéale4. Vient ensuite, de 608 d3 à 612 a 7, une discussion des deux problèmes connexes de l'immortalité et de la vraie nature de l'âme (B). La troisième partie (C), qui
1. Cf. G. F. Else, The Structure and Date of Book 10 of Plato's « Republic », Heidelberg, 1972, p. 7, n. 1 (citant Zeller, Ritter, Wilamowitz, Hildebrandt, Gauss, Nettleship), et, en dernier lieu, J. Annas, An Introduction to Plato's « Republic », Oxford, 1981, p. 227 (« ... Book ten is an odd-man-out in the book »), 335 (« an excrescence, ... gratuitous and clumsy and full of oddities »), 353 (« Why did Plato not end the Rep. with Book 9, instead of tacking on this collection of further points, hanging together rather awkwardly and most very problematic... ? So the Rep., a powerful and otherwise impressively unified book, acquired its lame and messy ending »).
2. Handkommentar zu den Dialogen Platons, II, 2, Bern, 1958, p. 223, 272.
3. Ibid., p. 7.
4. Cf. 607 b 1-3 : Taûra Sv), Icprjv, <XTColeXoyy]Gd<à rjpùv àvajjv7jo6eîatv TCpt TCOi^aewç, ôti efotoxtoç dcpa t6te aùrrçv ex ttjç ttoXecoç à7recTÉXXo[jLev ToiaÔTTjv ooaav... La référence est à III, 398 a-b [à.T :scsziXko{izv en 607 b 3, faisant écho à a7raTceu.7TOU.sv, en 398 a 6-7), et l'on peut noter en passant qu'elle montre la continuité (souvent niée ou méconnue par les critiques) qui existe, aux yeux de l'auteur, entre les deux développements du dialogue consacrés à la poésie, aux livres III et X.
