Bulletin de hi Société Préhistorique Française, tome 68, 1971, C.R.S.M., fasc. 1

Faciès germanique de l'Aurignacien typique

par D. de Sonneville-Bordes (*)

La caverne du Vogelherd, située dans la partie sud-ouest de l'Alb souabe en Wurtemberg fut fouillée et publiée en 1934 par Gustav Riek [7, 8]. Elle contenait, entre des niveaux de Mousté- rien et de Magdalénien supérieur, une des rares séquences d'Aurignacien typique qui permette d'étudier l'évolution de cette culture en Europe centrale : de bas en haut, la couche VI très pauvre (Untere Aurignacien de G. Riek), la couche V, avec pointes en os à base fendue (Mittlere Aurignacien) et la couche IV, (Obere Aurignacien), les couches V et IV avec de célèbres statuettes animales. Grâce à la valeur des travaux de G. Riek, les collections aurignaciennes du Vogelherd, conservées à l'Institut fur Vor-und Friihgeschichte de Tubingen, restent un des piliers de la connaissance de l'Aurignacien typique d'Europe centrale comme le prouve l'importance que leur donnent les articles récents de K. Valoch [12] et de J. Hahn [3].

L'abondance des outillages lithiques des couches V et IV en autorise l'étude statistique et nous en avons en 1965 [10] exposé les principaux caractères que nous résumons ici :

— faible proportion des grattoirs aurignaciens carénés et à museau (fig. 1, nos 1-7) dans la couche V alors que dans la couche IV les grattoirs à épaulement et à museau de tous les types (fig. 2, nos 6-10, 17) augmentent, sans que s'y modifie par ailleurs le pourcentage des grattoirs carénés (nos 1-5) ;

— forte proportion des grattoirs sur lames à retouches ordinaires ou aurignaciennes (fig. 2, n05 11, 14) qui passent, dans certains cas, à des grattoirs en éventail par retouches bilatérales rétrécissant la partie proximale, formes plus fréquentes dans la couche V que dans la IV (fig. 1, nos 12, 13, 19) ; plus généralement, abondance de la retouche aurignacienne écailleuse et mordante sur les lames, appointées ou non, parfois à large encoche et exceptionnellement à étranglement, aussi bien dans le niveau V (fig. 1, nos 14-18, 21) que dans le IV (fig. 2, nos 12, 13),

mais aussi sur les autres outils, spécialement les outils composites (fig. 1, n" 22), les perçoirs et les becs (fig. 1, nos 10, 11 ; fig. 2, nos 15, 16), les burins sur cassure (fig. 1, n04 25, 26 ; fig. 2, n° 19) et enfin, plus particulièrement les burins sur troncature retouchée, simples ou multiples, qu'ils utilisent ou non cette retouche latérale comme troncature (fig. 1, nos 23, 27-30 ; fig. 2, nus 18, 23-25) ;

— proportion des burins inférieure à celle des grattoirs, mais, néanmoins relativement élevée pour des outillages si riches en pièces retouchées à l'aurignacienne ; large dominance de la catégorie des burins sur troncature retouchée sur la catégorie des burins dièdres ; absence des burins busqués typiques : le burin n° 24 de la fig. 1, le plus proche de ce type, est, à notre avis, plutôt un burin caréné ;

— présence d'outils composites variés, surtout des grattoirs-burins dont le nombre augmente dans le niveau IV (fig. 2, n° 21), de perçoirs et surtout de becs (fig. 1, nos 10, 11 ; fig. 2, nos 15, 16), de pièces tronquées souvent sur lames retouchées ;

— présence de pièces de type « moustérien », encoches et denticulés (fig. 1, nos 8, 9), racloirs (fig. 2, n° 26), pointes (fig. 2, n° 27) et disques ;

— présence de pièces esquillées ;

— absence d'outillage lamellaire, à l'exception d'une lamelle Dufour atypique dorsale dans le niveau V (fig. 1, n° 20) (1) et d'une micro-gra- vette dans le niveau IV (fig. 2, n° 22), probable contamination par le Magdalénien supérieur du niveau sus-jacent.

D'un niveau à l'autre, l'évolution s'effectue par l'augmentation de l'indice de grattoir, entraînée principalement par celle des grattoirs à museau, par la relative diminution de l'indice de burins, par l'augmentation du pourcentage des grattoirs- burins, et, à un autre point de vue, par la diminution générale de la dimension des outils, point

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