Résultais de l'analyse pollinique du gisement d'EI Guettar (Tunisie)

PAR

M"" A. LEROI-GOURHAN

Avant de donner les résultats de l'analyse pollinique du gisement d'Eî Guettar, nous allons en retracer très rapidement la situation. El Guettar se trouve à 15 km de Gafsa sur la route de Gabès, sur le bord nord d'un bassin fermé occupé par un chott. La haute chaîne du Djebel Orbata domine le site de 900 m au Nord, au Sud se trouve le Djebel Berda; le gisement est situé en bordure d'une source artésienne tarie depuis l'époque néolithique au moins, qui a percé en colonne les couches paléolithiques qui sont, elles, bien horizontales. Le I)r Gruet, ayant prospecté le site dès 1939, le fouilla méticuleusernent par la suite et publia les résultats de ses découvertes dès 1950 (1), (2), (3). U compléta l'étude typologique des différents niveaux moustériens par un examen détaillé des terrains traversés, des analyses des sédiments, un pourcentage des silex éclatés par variation de la température atmosphérique, qui le conduisirent à des conclusions climatiques que .nous sommes heureuse (i'avoir vu confirmer par notre récente analyse (Fig. 1).

L'analyse pollinique des sédiments de la station d'EI Guettar confiée par le Dr Gruet à M'"" Van Campo et à moi-même, offrait plusieurs difficultés; la première étant l'inégalité des échantillons; dans la même couche, en effet, certaines mottes d'argile ne contenaient absolument rien, alors que d'autres étaient sensiblement meilleures; dans le niveau T' par exemple, nous n'avons pu arriver au nombre pourtant modeste de 46 pollens qu'après trois préparations différentes.

La seconde difficulté était d'incorporer ou non les sédiments de la source elle-même (nous ne l'avons d'ailleurs tenté que pour U et R). Il était possible de douter de la pureté des couches remuées par le passage de l'eau. Nous n'avons procédé à cette intégration qu'après avoir vérifié la concordance des espèces botaniques et des éléments minéraux avec les niveaux voisins.

Le plus délicat était d'entreprendre ce travail sans une seule référence de comparaison. En effet, lorsque nous avons commencé, il n'existait pas de détermination botanique pour la période wurmienne en Afrique du Nord, hormis « le » charbon de bois de frêne d'une station atérienne et quelques plantes post-glaciaires (4)- Une première analyse pollinique est parue, sur une station moustérienne du Sahara (5). Surprenante au premier abord, elle proposait, près de Tamanrasset, une cédraie avec de l'aulne et du tilleul, or, nous avons retrouvé à El Guettar la même association botanique. Une autre analyse, trop courte malheureusement, a été publiée dans le livre de Me Burney sur la préhistoire de la Cyré- naïque (6)- La preuve est faite maintenant que l'analyse pollinique est possible dans le Nord de l'Afrique, il ne reste qu'à souhaiter voir rapidement s'additionner les travaux botaniques qui permettront les rapprochements chronologiques nécessaires.

Pour compenser les difficultés, la forme sous laquelle se présentait le sédiment, en mottes compactes, en garantissait la pureté.

(*) Séance de juin 1958.