RECONNAISSANCE DE MADAGASCAR

LUIS FILIPE THOMAZ

La Découverte de Madagascar par les Portugais au XVIe siècle

Le dépouillement systématique des sources historiques concernant la découverte de Madagascar par les Portugais fut entrepris, voici déjà plus d’un demi-siècle, par Albert Kammerer 1. Il n’y aurait pas de raison pour y revenir si de nouveaux documents n’avaient pas entre-temps été révélés, qui nous permettent de trancher précisément les questions les plus intrigantes qu’avait laissées ouvertes le chercheur de naguère. Il y a, d’autre part, à côté de la découverte géographique de l’île, sa découverte ethnologique, c’est-àdire, si l’on peut ainsi s’exprimer, celle de son austronésité, qui date aussi du XVIe siècle mais, à notre connaissance, ne fut jamais remarquée. Il va sans dire que l’on ne peut parler de découverte de Madagascar par les Portugais que dans un sens assez relatif, l’île étant, comme chacun sait, depuis longtemps connue des Arabes et, par le truchement de Marco Polo, de l’Europe chrétienne aussi. Le premier géographe qui la mentionne est al-Edrisi, ca. 1154, suivi de Yâqût, qui écrivit en 1224. Quant au voyageur vénitien, il est vrai qu’il s’abuse un tantinet, mélangeant les renseignements qui lui parvinrent à propos de Madagascar avec ceux qu’il obtint au sujet de Mogadiscio; d’autre part, il l’imagine plus au nord qu’elle ne l’est, car il la dit «vers midi loins de Scoira (= Socotora) bien mille milles » 2, quand la

Archipel 78, Paris, 2009, pp. 153-180