ETYMA PELASGICA

par A. Carnoy

Celui qui parcourt un dictionnaire étymologique de la langue grecque ne peut manquer d'être frappé du nombre relativement grand de mots qui ne trouvent pas leur explication en partant des racines indo-européennes et qui sont présentés avec la mention : « Origine obscure, probablement égéenne ». Or, qui dit « égéen » veut dire aujourd'hui « asianique » et pré-indo-européen.

Récemment, toutefois, Georgiev à Sofia et Van Windekens à Louvain ont introduit un nouvel élément dans le problème. Ils ont montré que beaucoup de ces termes irréductibles pourraient s'interpréter par l'indo-européen, si l'on admettait une autre table de correspondances phonétiques que celle qui, de toute évidence, s'impose pour la langue des Hellènes. Il y aurait donc eu avant l'arrivée de ces derniers des populations indo-européennes d'un autre groupe, avec lesquelles les Grecs se seraient mêlés. 'Par on appellerait ces peuples : Pélasges, puisque les anciens aimaient à dénommer ainsi les habitants des époques préhistoriques de leur pays. Van Windekens a donc intitulé son ouvrage : Le Pélasgique. Il y énumère près de quatre-vingt mots qui viendraient de cet idiome et qui, mieux est, il établit les correspondances entre les sons de l'indo-européen et ceux du « pélasgique ».

Celles-ci peuvent se résumer comme suit :

Io) II y a une sorte de loi de Grimm, comportant que :

a) p, t, k deviennent ph, th, kh ;

b) b, d, g se transforment en p, t, k;

c) bh, dh, gh aboutissent à b, d, g.

2°) II s'agit d'un idiome du type « satem », de sorte que ;

a) k, g, gh deviennent s ou ζ ;

b) qw, gw, ghw perdent leur labialisation.