LE JOURNAL DES SAVANTS SOUS L'ANCIEN RÉGIME
Lorsque le Journal des Savants fut fondé en 1665, il existait en France une presse périodique depuis un peu plus de trente ans. Vers le mois de janvier 1631, en effet, deux imprimeurs protestants de Paris, Louis Vendosme et Jean Martin, avaient entrepris de publier chaque semaine des Nouvelles ordinaires de divers endroits et, quelques mois plus tard, Théophraste Renau- dot, reprenant l'idée à son compte — et mieux introduit auprès de Richelieu — avait publié la Gazette (30 mai 1631) en vertu d'un privilège exclusif qui lui permit de mettre rapidement hors de course ses concurrents \
Par la suite, la Fronde vit se multiplier les gazettes en vers, autorisées ou non, dont la plus importante et la plus durable fut, on le sait, la Muse historique de Loret2. Avant le Journal des Savants, cependant, et c'est là son titre de gloire, il n'exista ni en France, ni même à l'étranger, de périodique de caractère savant. Or, depuis les années 1615-1625, les gens de lettres qui
1. F. DAHL, F. PETIBON et M. BOULET. Les débuts de la presse française. Nouveaux aperçus (Acta Bibliothecae gothoburgensis, vol. IV). Gôteborg et Paris, 1951, in-8°.
2. En 1650, Loret commença à écrire pour sa protectrice, la duchesse de Longueville, une chronique en vers, racontant les fêtes de cour et les incidents variés de la vie mondaine. Des copies manuscrites circulèrent d'abord parmi les courtisans, puis, à partir de 1652, la Muse historique fut imprimée et la noblesse s'y abonna volontiers.
JEn ce qui concerne le Mercure galant, on peut consulter : P. MÉLÈSE, Un homme de lettres au temps du Grand Roi: Donneau de Visé, fondateur du Mercure galant, Paris, 1936.
