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A la naissance de l'histoire écrite sénégalaise: Yoro Dyao et ses modeles (Deuxieme Motie Du XIXème Siecle, Debut Du XXème Siecle).

Published online by Cambridge University Press:  13 May 2014

Jean Boulègue*
Affiliation:
Centre de Recherches Africaines, Université de Paris I

Extract

La région sénégambienne, du fait de ses stuctures étatiques anciennes et fortement hiérarchisées, est une région de longue tradition historique. Dans chaque royaume, le pouvoir gérait un savoir historique qui se présentait comme une chronique orale des règnes. Les détenteurs spécialisés de ce savoir sont connus dès le début du XVIème siècle: les écrits portugais nomment de leur nom wolof, gewel, ceux qu'on appellera plus tard griots. Dès cette époque et dans les siècles suivants, les descriptions européennes, lorsqu'elles font preuve d'assez de curiosité, sont entremêlées de récits historiques issus de la tradition orale et communiqués par des informateurs locaux. Il n'est done pas étonnant que, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, l'élargissement et le développement des usages de l'écrit se soient traduits par une floraison d'oeuvres issues d'une histoire véhicuiée par transmission orale depuis plusieurs siècles.

Yoro Dyao fut le premier de ces chroniqueurs sénégalais qui ont recueilli, traduit, écrit, compilé, interprété aussi, les traditions orales de leur peuple. Son premier texte, l'“Histoire des Darnels du Cayor”, a été publié, dans le Moniteur du Sénégal, en 1864. A cette époque, la formation territoriale de la colonie du Sénégal était à peine ébauchée. Celle-ci n'excédait guère le terrltoire du petit royaume du Waalo (à l'embouchure du fleuve) qui venait d'âtre conquis. Y. Dyao était issu de l'aristocratie du Waalo. A ce titre il avait fait partie de la deuxième promotion de l'Ecole des otages, fondée par Faidherbe en 1855.

Type
Papers from the Conference “Memoires, Histoires, Identites: Experiences Des Societes Francophones”
Copyright
Copyright © African Studies Association 1988

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References

Notes

1. Ecrit gaul Fernandespar V. Cf. Monod, Th., da Mota, A. Teixeira et Mauny, R., Description de la côte occidentale d'Afrique (Sénégal, Cap de Monte, Archipels) par Valentim Fernandes (1506-1507) (Bissau, 1951), 911.Google Scholar

2. Par exemple, on trouve un récit de la formation et de l'effondrement du Jolof, événements dont le second date du XVIeme siècle, dans une description du pays faite à la fin du XVIIIème siècle par Le Brasseur. Ch. Becker, et Martin, V., “Détails historiques et politiques, mémoire inédit (1778) de J. A. Le Brasseur,” Bulletin de l'IFAN B (1977).Google Scholar

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7. Plusieurs écrits de Y. Dyao sont conservés à l'IFAN (Dakar), département des manuscrits, Fonds Gaden. Trois font partie des cahiers publiés par Rousseau. Les autres, des notes de modeste dimension, sont inédits.

8. Gaden s'en expliqué dans son introduction: “Le désir d'être complet et précis pousse Yoro Dyâo à ouvrir d'incessantes parenthèses qui le rendent difficilement intelligible; nous donnons donc une sorte de transcription de son texte, que nous avons d'ailleurs conservé partout où nous avons pu le faire; ces passages sont entre guillemets. Partout ailleurs nous avons serré le texte d'aussi près qu'il a été possible sans y rien ajouter ni en rien retrancher, en ne nous laissant guider que par le seul souci d'y apporte la clarté.” Gaden, Légendes,” 7.Google Scholar Rousseau a suivi la même méthode.

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20. Pour se limiter aux premières années on citera les thèses de Boulègue, J., La Sénégambie du milieu du XVème siècle au début du XVIIeme siècle (Paris, 1968)Google Scholar; Barry, B., Le royaume du Waalo (Paris, 1970, publié 1972)Google Scholar; et Colvin, L., “Kajoor and its Relations with Saint-Louis du Senegal” (Ph.D., Columbia University, 1972).Google Scholar

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33. Ibid.

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38. “La fixation de l'image d'un “empire des Bacwezi” dans la conscience collective n'est donc pas seulement le fait d'un placage extérieur. Elle s'est réalisée dans une période de grandes mutations politiques et culturelles, à la jonction des traditions régionales diversifiées et d'un effort de mise en forme écrite et synthétique entrepris par la première génération de notables lettrés (chefs de l'administration indirecte, catéchistes, enseignants…), dont le rôle a été fondamental”. Chrétien, J. P., “L'empire des Bacwezi, la construction d'un imaginaire géopolitique,” Annales: Economies, Sociétés, Civilisations, 41 (1985), 1267.Google Scholar

39. Cf. Boulègue, J., Les anciens royaumes wolof (Sénŕgal), I, Le Grand Jolof (Paris, 1987), 13-17, 165–74.Google Scholar