Parmi les cas où un substantif peut apparaître sans article dans un énoncé, nous traitons dans cet article des cas où le complément d'objet direct (c.o.d.) n'est accompagné d'aucun déterminant, tels que faire gaffe, prendre plaisir, tenir compagnie, etc. En examinant des exemples de cette sorte, premièrement, on voit que les substantifs qui peuvent apparaître ainsi appartiennent à la classe des noms qu'on appelle généralement "noms abstraits" ; deuxièmement, si l'on fait un peu plus attention aux verbes permettant le c.o.d. sans article, on découvre qu'il s'agit de verbes qui sont très pauvres sémantiquement tels que faire, avoir, prendre, etc. De là nous proposons les trois hypothèses suivantes :
(1) Les substantifs apparaissant sans article comme c.o.d. sont des noms abstraits qui profilent une "relation" en tant qu'une région dans un domaine cognitif.
(2) Ces substantifs sont ceux dont seulement le "type" est spécifié : ils ne sont ni "exemplifiés (instantiated)" ni "repérés (grounded)" comme syntagmes nominaux dans le domaine de l'énonciation.
(3) Ces substantifs "élaborent" la relation entière que profile le verbe schématique.
Nous vérifions ces hypothèses en définissant tous les termes téchniques utilisés dans le contexte de la linguistique cognitive, surtout dans la méthode de Langacker (1987a, b, 1991). On peut ainsi considérer cet article comme une étude de cas de cette méthode qui traite la relation entre la détermination nominale et la cognition de ce qui est réifié en français.