In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

BOUCHARD, SERGE, et MARIE-CHRISTINE LÉVESQUE. Elles ont fait l’Amérique: de remarquables oubliés, tome 1. Montréal: Lux, 2011. ISBN 978-2-89596-097-3. Pp. 442. $27,95 Can. Quinze portraits de “femmes d’exception dont rarement on nous fit l’éloge” (13) viennent pallier un manque dans l’histoire officielle de l’Amérique du Nord. Les exploits et le quotidien de ces actrices de l’histoire dans bien des domaines et des régions, et provenant de milieux géographiques, ethniques, sociaux, religieux et linguistiques variés, sont enfin dévoilés. Cette sélection n’est pas exhaustive bien sûr, et l’on peut d’ailleurs retrouver d’autres femmes absentes de l’histoire malgré leur courage remarquable ou leur destin insolite dans l’émission à l’origine de ce projet, diffusée sur Radio-Canada, “De remarquables oubliés”, ainsi que sur son site Internet . Créer ici une “version littéraire” de ces récits (16) consacrés à ces femmes aux vies hors du commun témoigne du désir de proposer “une nouvelle définition d’un pays, un nouveau regard sur nous toutes, sur nous tous” (16). On découvre ainsi des héroïnes oubliées, telle Marie-Josèphe Angélique, une esclave noire qui fut pendue et étranglée, avant d’être jetée au feu par les autorités en 1734. Accusée d’être l’auteur d’un incendie à Montréal, elle n’avoua que sous la torture, et n’impliqua jamais son amant blanc qui disparut opportunément. Sa culpabilité ne fut jamais prouvée. On apprend aussi comment Esther Marie Josèphe Wheelwright refusa de retourner dans la communauté puritaine et fort conservatrice de Nouvelle-Angleterre dans laquelle elle naquit. Enlevée en 1703 à l’âge de sept ans par les Abénaquis, une nation algonquienne alliée aux Français contre les Anglais, elle vécut ensuite avec les Catholiques. Sœur Esther fut nommée supérieure des Ursulines de Québec; cette Anglaise devint ainsi une monolingue francophone. Chaque femme représente également une réalité de son époque. L’histoire de Marie-Josèphe Angélique rappelle un fait souvent ignoré de l’histoire de la Nouvelle-France: la possession d’esclaves noirs existait et était réglementée par le même Code noir qu’aux Antilles, même si elle était plus rare et onéreuse que celle des “Panis”, les esclaves amérindiens. Quant au récit sur Esther Marie Josèphe Wheelwright, il illustre une caractéristique de son époque: les Anglaises puritaines enlevées par des Amérindiens étaient nombreuses et préféraient souvent la liberté nouvellement trouvée dans la société amérindienne ou canadienne française au milieu puritain austère qu’elles avaient quitté par la force. Cet ouvrage a ainsi également le mérite de montrer la diversité du monde francophone de l’Amérique du Nord du dix-septième au début du vingtième siècle. Si des voix féminines non-francophones se font aussi entendre (le premier chapitre est d’ailleurs consacré à Shanadithit, la dernière Béothuk de Terre-Neuve, décédée en 1829), la prépondérance francophone est indéniable. Marie Iowa Dorion illustre admirablement l’une des nombreuses facettes de cette Amérique THE FRENCH REVIEW, Vol. 86, No. 4, March 2013 Printed in U.S.A. REVIEWS Society and Culture edited by Frederick Toner 774 francophone et multilingue: “Il y avait […] un monde francophone et métis dans ces vastes régions de l’Ouest encore inconnues des autorités américaines et britanniques , mais fréquentées par les coureurs de grands espaces, les Irlandais, les Ecossais et surtout les Canadiens français” (255). Née Siouse iowa en 1786, elle épousa à Saint-Louis Pierre Dorion, un Métis franco-sioux coureur de bois (le terme désignant un Canadien français qui fait le commerce de la fourrure avec les Amérindiens), et traversa l’Amérique avec lui jusqu’en Oregon, où le français était comme à Saint-Louis la langue...

pdf

Share