Société médico-psychologique
Schizophrénie et famille. Contribution à l’étude et à la prévention de l’état de surchargeSchizophrenia and family: contribution to the study and the prevention to the burden state.

https://doi.org/10.1016/S0003-4487(01)00069-5Get rights and content

Résumé

Les conséquences à long terme de la vie en famille d’un adulte atteint de schizophrénie pourraient être de fragiliser l’état de santé des parents. Cela peut les conduire vers un état de surcharge, ce qui risque d’influer négativement sur l’état clinique du malade (risque de rechutes). Initialement ce risque a été évalué à partir de l’émotionnalité exprimée, concept unidimensionnel qui n’intègre pas l’impact d’autres facteurs familiaux, ce dont rend mieux compte le concept de surcharge. Nous avons construit un auto-questionnaire sur les situations-problèmes de la vie quotidienne et les types de stratégies adaptatives utilisées par les parents. La fiabilité inter-juges a été calculée pour l’évaluation de ces stratégies (coefficient de Kappa entre 0,61 et 0,80). L’utilisation du questionnaire est envisagée dans le cadre des soins à apporter aux parents.

Abstract

Long-term consequence when an adult with schizophrenia is living with his family could be weakening the health of the caregiver parents. That may lead them to a burden state which risk to have a negative influence on the clinical evolution of the patient (risk of relapses). Initially this risk has been evaluated from the expressed Emotion, one-dimensional concept which does not integrate other family factors; the burden concept is more global. We have elaborated a self-administration questionnaire about the daily life difficulties and the coping strategies used by the parents. The degree of concordance between three observers was calculated for having an evaluation of this strategies (Kappa coefficient between 0,61 and 0,80). The use of the questionnaire is imagined within the cares given to parents.

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Limites conceptuelles d’émotionnalité exprimée

L’impact du milieu familial sur l’évolution clinique a été étudié initialement à partir du concept d’émotionnalité exprimée (EE). Il a été montré que la haute EE, présence de critiques, d’une hostilité, d’une surimplication émotionnelle vis-à-vis du malade avaient une valeur prédictive des rechutes et augmentaient leur taux 〚10〛. Le lien entre la haute EE et les rechutes a été conçu comme étant linéaire, le malade étant « victime » du manque de contrôle parental 〚7〛.

L’étude de Hahlweg et al.,

Développement du questionnaire portant sur les situations–problèmes de la vie quotidienne et les adaptations psychologiques dans la schizophrénie

Nous avons élaboré un auto-questionnaire sur les situations–problèmes et, à partir de questions ouvertes, sur les types d’adaptation psychologique utilisés par les parents pour y faire face (cf. questionnaire en Annexe).

Les situations–problèmes ont été inventoriées à partir de la littérature 〚14〛 et de l’expérience clinique de l’équipe de l’hôpital de jour. Dix situations–problèmes ont été retenues, elles sont plus particulièrement en lien avec les symptômes négatifs : sommeil, hygiène

Premier test de validation

Le recueil des données s’est effectué en complément de l’application du module profamille de Liberman 〚17〛. Les parents répondaient individuellement et par écrit. Trois groupes successifs ont été constitués, de début 1998 à juin 1999 (N = 23 sujets, 14 femmes et neuf hommes, dont huit couples ; moyenne d’âge 58,8 ans, écart–type = sept ans). Les malades vivent au domicile familial (15 malades, 12 hommes et trois femmes ; moyenne d’âge = 32,7 ans, écart–type = six ans). La pathologie remonte à

Premières observations cliniques

Les réponses aux questionnaires ont été partagées au sein d’un groupe de parents qui suivaient le module profamille de Liberman 〚17〛. Initialement, les parents nous sont apparus comme « perdus » face à leur situation quotidienne. Ils avaient eu des informations, souvent non intégrées, sur la maladie de leur enfant. Ils devaient faire face à des comportements à fort potentiel de déstabilisation en raison de leur soudaineté et de leur étrangeté : levers nocturnes intempestifs et bruyants, excès

Conclusion

Nous retiendrons le risque qu’ont les parents de présenter un état de surcharge lorsqu’ils vivent avec un enfant d’âge adulte atteint de schizophrénie, cet état étant lui-même associé au risque de rechutes. De la littérature, nous avons mis en évidence l’effet protecteur joué par les facteurs suivants : connaissance sur la maladie, allègement du poids des contraintes matérielles et administratives, compréhension de ses propres réactions face au malade, stratégies de coping allant dans le sens

AnnexeQuestionnaire de situations–problèmes de la vie quotidienne dans la schizophrénie destiné aux parents*1

Questions préalables sur : l'estimation du temps passé par jour auprès du malade ; l'appréciation du niveau de malaise ou de stress ; l'appréciation du soutien de l'entourage.

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