Article original
Disponibilité des antidotes dans les établissements de santé en Algérie : enquête nationaleAvailability of antidotes in hospitals in Algeria: A national survey

https://doi.org/10.1016/j.toxac.2021.11.003Get rights and content

Résumé

Introduction

Les antidotes occupent une place importante dans la prise en charge des intoxications aiguës, nécessitant leur disponibilité au sein des établissements de santé. L’objectif de cette étude était d’évaluer la disponibilité des antidotes au niveau des établissements de santé en Algérie.

Méthodes

Une étude descriptive et transversale a été menée auprès des pharmaciens hospitaliers des établissements de santé disposant d’un service des urgences médicales en Algérie. L’enquête a été menée par le biais d’un questionnaire en ligne (Google Form®). La liste des antidotes choisie est celle recommandée par les lignes directrices pour la détention des antidotes au niveau des hôpitaux dispensant des soins d’urgence.

Résultats

Parmi les pharmaciens des 50 établissements de santé invités à répondre au questionnaire, 30 pharmaciens avaient effectivement participé à l’enquête. Les antidotes sont détenus dans toutes les pharmacies hospitalières des structures sondées. La moitié (50 %) des pharmaciens des structures enquêtées ignoraient la classification des antidotes en termes de délai de disponibilité et d’efficacité. L’analyse des données collectées, a montré que la disponibilité des antidotes variait de 0 % (pour le calcium édétate de sodium, le dexrazoxane, le fomépizole, la lévocarnitine, la sérothérapie antiscorpionique et le succimer) à plus de 90 % (pour le sulfate d’atropine, l’adrénaline et le diazépam). Cependant, onze antidotes n’étaient disponibles que dans moins de 20 % des hôpitaux.

Conclusion

Cette étude a mis en évidence la non disponibilité de plusieurs antidotes au niveau des établissements de santé assurant des soins d’urgences en Algérie. La méconnaissance des antidotes de la part des pharmaciens hospitaliers constituait la contrainte majeure de dotation en antidotes. Les autorités sanitaires devraient publier des lignes directrices nationales relatives aux stocks minimaux requis pour chaque antidote. Elles devraient également simplifier les procédures administratives imposées pour permettre l’accès facile à ces produits de santé vitaux.

Summary

Introduction

Antidotes play an important role in the management of acute intoxications, requiring their availability in health facilities. The objective of this study was to evaluate the availability of antidotes in the hospitals in Algeria.

Methods

A descriptive, cross-sectional study was conducted among hospital pharmacists in health establishments with a medical emergency department in Algeria. The survey was conducted using an online questionnaire (Google Form®). The list of antidotes chosen was the one recommended by the expert consensus guidelines for stocking of antidotes at the level of hospitals providing emergency care.

Results

Of the pharmacists in the 50 hospitals invited to respond to the questionnaire, 30 of them had actually participated in the survey. Of the pharmacists in the 50 health care facilities invited to respond to the questionnaire, 30 pharmacists had actually participated in the survey. Antidotes were available in all hospital pharmacies in the surveyed hospitals. Half (50%) of the pharmacists in the hospitals surveyed were unaware of the classification of antidotes in terms of availability and efficacy. Analysis of the data collected showed that the availability of antidotes varied from 0% (for sodium edetate calcium, dexrazoxane, fomepizole, levocarnitine, antiscorpionic serotherapy and succimer) to more than 90% (for atropine sulfate, adrenaline and diazepam). However, eleven antidotes were only available in less than 20% of hospitals.

Conclusion

This study highlighted the non-availability of several antidotes at the level of health institutions providing emergency care in Algeria. The lack of knowledge of antidotes on the part of hospital pharmacists constituted the major constraint in the supply of antidotes. Health authorities should publish national guidelines on the minimum stocks required for each antidote. They should also simplify the administrative procedures required to allow easy access to these vital health products.

Introduction

Les intoxications aiguës (IA) constituent un réel problème de santé publique en Algérie, où l’on constate depuis plusieurs années une augmentation constante du nombre et de la quantité des substances chimiques utilisées pour les besoins du développement, ainsi la prise en charge des intoxications aiguës devient l’une des préoccupations majeures pour les services des urgences et de réanimation en Algérie [1]. Selon les données de l’organisation mondiale de la santé (OMS), en 2012, le nombre de décès attribués à des intoxications involontaires au niveau mondial est estimé à 193 460 dont 84 % sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire [2]. En Algérie, la situation devient de plus en plus préoccupante. Une prise de conscience nationale est lancée afin de prévenir le public contre ces dangers [3]. Au cours de l’année 2016, un total de 2493 cas d’intoxications a été déclaré au niveau du centre national de toxicologie (CNT). Parmi les 2493 cas déclarés, la circonstance accidentelle (n = 1532) représentait 61,5 % des cas, contre 38,5 % (n = 961) d’intoxications volontaires (tentatives de suicide, toxicomanie) [1]. Les médicaments viennent en tête de liste des agents en cause (40,4 %), dont le chef de file est la famille des benzodiazépines (14,4 %), suivis par le monoxyde de carbone (27,3 %) et les produits ménagers (13,5 %). Les intoxications par les pesticides (4,3 %), produits de bricolages et industriels (3,2 %), plantes (2 %), animaux (1,4 %), alcools (0,8 %), autres gaz (0,8 %), drogues (0,7 %), produits cosmétiques (0,5 %), et les champignons (0,4 %), intervenaient pour un faible pourcentage [1]. Dans la prise en charge de tout cas d’intoxication, le but des interventions thérapeutiques est d’assurer rapidement et efficacement l’évolution la plus favorable de la maladie et dans l’immédiat la survie du patient sans séquelles [4]. Les antidotes ont une place importante dans le traitement de certaines intoxications. Lors de sa 28e assemblée, l’OMS a adopté une liste des antidotes dans le cadre du concept des médicaments essentiels (LME) en vue d’offrir un modèle auquel les gouvernements puissent se référer pour sélectionner les médicaments et établir des listes nationales [5]. Les antidotes qui figurent dans cette liste devraient être disponibles en permanence, en quantité suffisante, sous la forme galénique qui convient, avec une qualité assurée et à un prix abordable au niveau individuel et communautaire [5]. L’indisponibilité des antidotes est un des facteurs majeurs qui conduisent à une mauvaise prise en charge des patients victimes d’intoxications aiguës [6]. Les données sur la disponibilité des antidotes dans les établissements hospitaliers dans le monde sont rares, le peu d’études récentes ont montré que les stocks insuffisants et l’indisponibilité des antidotes essentiels restent un problème mondial avec des conséquences cliniques potentiellement néfastes [6]. Selon une étude réalisée en janvier 2007, sur la disponibilité des antidotes dans les hôpitaux marocains, les résultats trouvés étaient inquiétants et dévoilaient un grand problème de gestion de ces produits [7]. Devant l’absence d’une étude nationale dans les hôpitaux algériens, l’objectif de cette étude était d’évaluer la disponibilité des antidotes au niveau des établissements de santé en Algérie.

Section snippets

Population et méthodes

La présente étude est une enquête descriptive et transversale, menée auprès des pharmaciens hospitaliers des centres hospitalo-universitaires (CHU) et des établissements publics hospitaliers (EPH) et des établissements hospitaliers (EH) disposant d’un service des urgences médicales en Algérie, sur une période de deux (02) mois allant du 20 février au 20 avril 2020. L’enquête a été menée par le biais d’un questionnaire en ligne (Google Form®) transmis par mail aux pharmaciens des établissements

Caractéristiques générales des établissements hospitaliers répondants

Parmi les pharmaciens des 50 établissements de santé invités à répondre au questionnaire, 30 pharmaciens avaient effectivement participé à l’enquête ; soit un taux de participation de 60 %. Les 30 hôpitaux retenus couvrent les différentes régions sanitaires de l’Algérie. Un nombre de seize (16) réponses représentaient des établissements publics hospitaliers (EPH), 11 des centres hospitalo-universitaires (CHU), ainsi que deux (02) établissements hospitaliers (EH) et l’établissement hospitalier

Discussion

L’objectif de cette étude était d’évaluer la disponibilité des antidotes dans les hôpitaux algériens disposant de services de soins d’urgence. Les 30 hôpitaux qui ont participé à notre enquête représentent les structures hospitalières les plus importantes du pays. Nos résultats ont montré que la totalité des hôpitaux concernés par l’étude ne disposaient pas de tous les antidotes recommandés par les lignes directrices pour la détention des antidotes au niveau des hôpitaux dispensant des soins

Conclusion

Cette étude a mis en évidence la non disponibilité de plusieurs antidotes au niveau des établissements de santé assurant des soins d’urgences en Algérie. En conclusion, plusieurs recommandations peuvent être proposées afin d’améliorer la disponibilité des antidotes. Tout d’abord, il devient nécessaire de mettre en place un registre électronique des antidotes, destiné à améliorer la communication entre les établissements de santé concernant les stocks disponibles, et anticiper sur les besoins

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (22)

  • H. Benziane et al.

    The availability of the antidotes in the moroccan hospitals: a report revealing an urgency!

    Therapie

    (2007)
  • A. Broto-Sumalla et al.

    Availability of antidotes in 70 hospitals in Catalonia, Spain

    Med Clin (Barc)

    (2018)
  • W. Issiakhem et al.

    Une année de déclaration obligatoire des intoxications : où on est-on ?

    Tox Algérie

    (2017)
  • World Health Organization

    Poisoning prevention and management

    (2012)
  • N. Mahdeb et al.

    Étude épidémiologique des cas d’intoxication aigues traités à l’hopital de Sétif entre janvier 2008 et avril 2012 (Est-Algérie)

    Eur Sci J

    (2013)
  • A. Abaakil

    Antidotes au Maroc : état actuel et perspectives d’avenir

    (2016)
  • World Health Organization

    WHO model lists of essential medicines

    (2017)
  • A. Mansour et al.

    National study on the adequacy of antidotes stocking in Lebanese hospitals providing emergency care

    BMC Pharmacol Toxicol

    (2016)
  • R.C. Dart et al.

    Expert consensus guidelines for stocking of antidotes in hospitals that provide emergency care

    Ann Emerg Med

    (2018)
  • L.M. Nissen et al.

    Availability of antidotes for the treatment of acute poisoning in Queensland public hospitals

    Aust J Rural Health

    (2010)
  • M.L. Sivilotti et al.

    Can emergency departments not afford to carry essential antidotes?

    CJEM

    (2002)
  • Cited by (0)

    View full text