Article original
Somnolence diurne excessive. Étude épidémiologique basée sur un questionnaire « sommeil/respiration »Excessive daytime sleepiness. An epidemiological study based on a “sleep/breathing” questionnaire

https://doi.org/10.1016/j.respe.2012.11.001Get rights and content

Abstract

Background

A field survey used a “sleep-breathing” questionnaire to estimate the prevalence of the excessive daytime sleepiness in a sample of middle-aged males.

Methods

Eight hundred and fifty men aged 22 to 66 years agreed to answer a questionnaire and have anthropometric measurements. To the question on excessive daytime sleepiness, 90 subjects (10.8%) responded “often” or “almost always”; 740 gave a negative answer.

Results

The sleepy subjects were older and had a higher “central” weight. All the sleep-disturbed breathing symptoms and those suggesting sleep disturbances were more frequent in sleepy subjects. Sleepiness was significantly associated with sleep apnea and chronic bronchitis. Logistic regression identified six items independently associated with daytime sleepiness; there were three indirect indicators of sleepiness, age, a history of chronic bronchitis and disruptive movements during sleep.

Conclusions

This epidemiologic study in a sample of active middle-aged males confirms the association of daytime sleepiness with a series of respiratory and non-respiratory sleep disturbances. The original findings are the role of a “central” obesity, the association with nightmares, and the role of chronic bronchitis as a determinant of daytime sleepiness.

Résumé

Position du problème

Une étude épidémiologique a utilisé un questionnaire pour estimer la prévalence de la somnolence diurne excessive dans un échantillon d’hommes d’âge moyen.

Méthodes

Au total, 850 hommes âgés de 22 à 66 ans ont accepté de répondre au questionnaire et ont eu des mesures anthropométriques. À la question sur une sensation de somnolence excessive, 90 sujets (10,8 %) ont répondu « souvent » ou « presque toujours » ; 740 sujets répondant par la négative.

Résultats

Les sujets somnolents étaient plus âgés et avaient un rapport taille/hanche plus élevé. Les troubles respiratoires pendant le sommeil et les altérations du sommeil étaient plus fréquents chez les somnolents. Parmi les antécédents, la somnolence était associée avec un antécédent d’apnée du sommeil (diagnostiqué par un médecin) et avec la bronchite chronique. L’analyse multivariée a identifié comme facteurs associés de façon indépendante trois réponses indirectes de somnolence, l’âge, les antécédents de bronchite et les mouvements brusques pendant le sommeil.

Conclusions

Cette enquête confirme l’association de la somnolence diurne avec des troubles respiratoires et non respiratoires du sommeil. Les éléments originaux sont : le rôle d’une obésité « centrale », l’association avec les cauchemars et le rôle indépendant de la bronchite chronique comme déterminants de la somnolence diurne déclarée.

Introduction

La somnolence diurne est un symptôme fréquemment rencontré dans la population générale et peut orienter vers de nombreuses pathologies [1]. En termes de santé publique, les répercussions des troubles de la vigilance sont importantes. La somnolence serait impliquée dans 20 % des accidents de la route en France [2] ; 50 % des accidents mortels impliqueraient comme co-facteur l’endormissement au volant [3]. En milieu de travail, la somnolence et ses conséquences sont mal connues, alors que la recherche systématique de troubles du sommeil est importante lors des visites. Il est connu que le travail lui-même peut être à l’origine de troubles du sommeil générant une somnolence. C’est le cas des postes de nuit ou en horaires décalés, qui concernent près de 20 % des actifs. Pour les postes dits de sécurité (professionnels de la route, contrôleurs de vol, etc.) le dépistage d’une somnolence, connaissant ses facteurs associés, devient obligatoire.

La somnolence diurne excessive (SDE) est très souvent déclarée par les malades suspectés d’apnées obstructives du sommeil [4]. Chez un grand ronfleur elle représente un élément d’alarme – signe que la qualité du sommeil est affectée [5]. Symptôme essentiellement subjectif, elle peut être quantifiée dans les laboratoires spécialisés par des tests spécifiques – les tests d’endormissement ou de maintenance de l’état de veille [6].

L’objectif principal de cette étude a donc été de préciser, par l’utilisation d’un auto-questionnaire structuré, la prévalence de la somnolence déclarée dans une population masculine d’actifs d’âge moyen et d’identifier les facteurs indépendamment associés à la somnolence, utiles à son dépistage.

Section snippets

Population et méthodes

Nous avons étudié des sujets actifs de sexe masculin, mariés ou vivant en couple, présentés pour des examens de santé de médecine du travail ou de médecine préventive en Lorraine et Alsace, sur une base de volontariat. Huit cent cinquante hommes (72,2 % de ceux sollicités) ont accepté de participer. Le protocole de l’étude a été approuvé par le comité régional de protection des personnes participant à la recherche biomédicale, par la direction du centre de médecine préventive de

Résultats

À la question « Avez-vous une somnolence excessive le jour ? », 90 sujets (« groupe somnolent, 10,8 %) ont répondu « souvent » ou « presque toujours », 740 sujets (« groupe non somnolent », 89,2 %) ont répondu « jamais » ou « parfois » et 20 sujets (2,4 %) n’ont pas donné de réponse. Les sujets « somnolents » étaient cinq ans plus âgés et avaient un excès de poids « tronculaire » (augmentation de la circonférence de taille et du rapport T/H) (Tableau 1). La proportion de fumeurs et la durée de

Discussion

L’objectif de notre étude était l’analyse de la SDE (auto-déclarée) dans un échantillon de population masculine active d’âge moyen ; 10,8 % de nos sujets se déclarent somnolents dans la journée. Comme attendu, l’analyse univariée a mis en évidence un grand nombre de facteurs associés à la SDE (21 en tout). La régression logistique a identifié six facteurs associés de façon indépendante (des déterminants). Après un bref rappel des questions générales sur la SDE, notre discussion compare nos

Conclusion

Dans cette enquête épidémiologique utilisant un questionnaire sommeil-respiration, complété avec l’assistance du conjoint par 850 sujets d’âge moyen, en activité, nos résultats confirment certaines données de la littérature : les sujets se déclarant somnolents (=10,8 %) sont plus âgés, ont plus de troubles respiratoires et non respiratoires pendant le sommeil et un antécédent d’apnée du sommeil confirmé par le médecin. Les éléments originaux de cette étude sont : le rôle d’une obésité

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Remerciements

Les auteurs remercient Mme Aline Berthelin pour l’aide aux mesures anthropométriques et pour la gestion du fichier informatisé des données. Ils remercient les personnes ayant participé à cette étude.

Les auteurs expriment leur gratitude aux lecteurs pour leurs remarques pertinentes qui ont permis de compléter la première version de cet article.

Références (31)

  • T. Young et al.

    The occurrence of sleep-disordered breathing in middle-aged adults

    N Engl J Med

    (1993)
  • Statistical Software, release 5. Stata Corporation, 702 University Drive E, College Station, TX 77840,...
  • N.J. Douglas

    “Why am I sleepy?”

    Am J Respir Crit Care Med

    (2001)
  • E. Hoddes et al.

    Quantification of sleepiness: a new approach

    Psychophysiology

    (1973)
  • M.W. Johns

    Sleepiness in different situations measured by the Epworth Sleepiness Scale

    Sleep

    (1994)
  • Cited by (1)

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