Article originalÉtude de relation entre infection à Plasmodium falciparum chez les élèves camerounais de Ngali II et leurs apports nutritionnelsStudy of relationship between Plasmodium falciparum infection in Cameroonian schoolchildren of Ngali II and their food intake
Introduction
L’incidence du paludisme dans le monde est de 300 à 500 millions de cas clinique chaque année, dont environ 90 % se produisent en Afrique subsaharienne [1], [2]. Il ressort du 20e rapport du comité OMS d’experts du paludisme publié en 2000 que près de 100 pays dans le monde sont considérés comme impaludés, dont près de la moitié en Afrique au sud du Sahara. Plus de 2,4 milliards de personnes dans le monde sont exposées au risque. Le paludisme tue entre 1,1 et 2,7 millions de personnes dans le monde chaque année dont 0,6 million de jeunes enfants [3]. Au Cameroun, il ressort du plan stratégique national de lutte contre le paludisme que le paludisme demeure le plus grand problème de santé publique car il est la première cause de morbidité et de mortalité [4]. Il représente 30 à 35 % des décès dans les formations hospitalières, 50 % de morbidité chez les enfants de moins de cinq ans, 40 à 45 % de consultations médicales, 30 % des hospitalisations, 26 % des arrêts maladies, 40 % des dépenses annuelles de ménages pour la santé [4]. Le paludisme a de très graves conséquences socioéconomiques dans notre région. C’est un des principaux facteurs de pauvreté. Il empêche de nombreux adultes de trouver un emploi et beaucoup d’enfants d’aller régulièrement à l’école [5].
Plusieurs facteurs, dont les conditions écologiques favorables au développement de l’agent vecteur (l’anophèle), la résistance de l’anophèle aux insecticides [6], [7], [8], la résistance du Plasmodium falciparum aux antipaludéens [9], rendent difficile une stratégie d’éradication. Ainsi, les populations sont actuellement obligées de vivre avec le paludisme.
La malnutrition est l’une des causes de la morbidité et de la mortalité due au paludisme chez les enfants [10]. La santé et le bien-être de chaque individu dépendent d’un apport suffisant en éléments nutritifs de bonne qualité, tels que les lipides, les protéines, les glucides, les vitamines et les minéraux [11]. Les travaux de Shankar, et Shuichi et Masanobu [12], [13] ont montré que les aliments modulent le système immunitaire. Ainsi, les sujets bien nourris résistent mieux aux maladies endémiques des régions tropicales comme le paludisme [14]. À l’inverse, une malnutrition augmente la vulnérabilité aux multiples infections [15], [16]. De façon plus spécifique, il apparaît également que les apports en fer puissent favoriser le développement du Plasmodium [17]. La nutrition occupe donc une place de choix dans la résistance aux infections. C’est ainsi que le présent article a pour objectif de rechercher les déterminants nutritionnels en relation avec l’infection à P. falciparum chez les élèves camerounais de Ngali II.
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Zone d’étude
L’étude a été menée à Ngali II (zone rurale située à une trentaine de kilomètres de Yaoundé, région du centre, département de la Méfou et Afamba, arrondissement de Soa). Ngali II a un climat équatorial guinéen chaud et humide à quatre saisons bien marquées [18]. Il pleut d’août à novembre (grande saison des pluies) et de mars à mai (petite saison des pluies). Les saisons sèches recouvrent les périodes de décembre à février (grande saison sèche) et de juin à juillet (petite saison sèche). Les
Statuts parasitaires des sujets
La répartition des sujets en fonction de la parasitémie (Tableau 1) montre que la prévalence de la parasitémie est plus élevée en saison des pluies (90,7 %) qu’en saison sèche (81,3 %). Les adolescents sont plus parasités que les enfants au cours des deux saisons.
La répartition des sujets en fonction de la densité parasitaire (Tableau 2) montre que plus de la moitié des sujets ont une parasitémie inférieure à 1000 parasites par microlitre de sang en saison des pluies et en saison sèche, soit,
Discussion
La prévalence de la parasitémie est plus élevée en saison des pluies (90,7 %) qu’en saison sèche (81,3 %) ; cela serait liée au fait que l’eau favorise le développement rapide des larves. La prévalence de la parasitémie au cours des deux saisons est élevée, comparée à celle trouvée par Nkengfac [26] chez les mêmes sujets (77,1 %).
Les faibles apports alimentaires en énergie, zinc, cuivre et vitamine A pourraient expliquer les fortes parasitémies observées chez les sujets, car ces nutriments sont
Conclusions
Il ressort de cette étude que plus de sujets sont infectés en saison des pluies (90,7 %) qu’en saison sèche (81,3 %). Les infections sont surtout dues à P. falciparum à plus de 70 %. Les corrélations négatives et significatives sont observées entre les apports en énergie, zinc, cuivre, vitamine A, zincémie, cuprémie et la parasitémie chez les enfants, d’une part, et les apports en zinc, zincémie, cuprémie et la parasitémie chez les adolescents, d’autre part. Les corrélations positives et
Conflits d’intérêts
Aucun.
Remerciements
Nous remercions toutes les populations de Ngali II pour leur coopération à l’étude et l’agence universitaire de francophonie pour son appui financier.
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