Mise au pointAtrophie bulbo-spinale liée à l’X : une maladie rare mais un diagnostic différentiel fréquent de la sclérose latérale amyotrophiqueSBMA: A rare disease but a classic ALS mimic syndrome
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Analyse des données de la littérature
La caractérisation du phénotype et de l’histoire naturelle de la SBMA bénéficie d’une large étude publiée par l’équipe japonaise de Gen Sobue en 2006 qui a analysé une série de 223 patients [8]. Même s’il ne s’agit que d’une étude rétrospective, l’importance du nombre de patients et la qualité de la méthodologie utilisée font qu’elle constitue à ce jour la meilleure source pour définir l’histoire naturelle de la SBMA (figure 1). Cette série a volontairement sélectionné des symptômes dont le
Manifestations neurologiques
L’âge de survenue des différents symptômes cliniques ressentis par le patient est extrêmement variable s’étendant de 8 à 70 ans et l’âge du diagnostic de 8 à 83 ans [4], [8], [9], [10], [11]. Comme dans d’autres pathologies liées à des répétitions de triplets de nucléotides, l’âge de début, de même que la sévérité clinique, est corrélé au nombre de triplets CAG [8], [12].
Dans la série d’Atsuta et al., le premier symptôme perçu par les patients était un tremblement postural des mains qui survenait
Signes endocriniens et biologiques
Une élévation des CPK est présente chez la quasi-totalité des patients avec des niveaux qui peuvent être très élevés, jusqu’à atteindre 38 fois la limite supérieure de la normale, et qui diminuent au cours de l’évolution de la maladie [8], [13]. Concernant les signes endocriniens, une gynécomastie, conséquence d’une insensibilité partielle aux androgènes, est observée chez 52 à 77 % des patients [10], [11], [13]. Elle est plutôt asymétrique et apparaît souvent dans la période prépubertaire
Évolution et pronostic
L’évolution relativement bénigne de la SBMA est confirmée par deux études de la littérature, même si celles-ci restent rétrospectives [8], [18]. La difficulté la plus souvent rapportée était la montée des escaliers, présente dans la quasi-totalité des cas. Dans la série d’Atsuta et al., l’utilisation d’une canne était nécessaire chez 21 % des patients et celle d’un fauteuil roulant dans 10 % des cas, survenant à des âges médians de 59 et 61 ans respectivement [8]. Dans une série de 25 patients
Signes électrophysiologiques
Le tableau à l’ENMG est celui d’une atteinte neurogène diffuse et chronique associée à des fasciculations qui débordent le territoire déficitaire [4]. L’élément évocateur d’une SBMA est la présence d’une diminution des amplitudes sensitives à l’ENMG. Celle-ci est retrouvée dans 72 à 100 % des cas suivant les séries [6], [10], [11]. Les anomalies électrophysiologiques prédominent aux membres supérieurs [20]. L’hétérogénéité de la maladie est encore retrouvée à l’ENMG avec l’existence de formes
Autres étiologies d’amyotrophies bulbaires et spinales
Des amyotrophies bulbaires et spinales non liées à une expansion de triplets CAG dans le récepteur aux androgènes ont été exceptionnellement décrites. Une forme autosomale dominante non liée à l’X a été rapportée avec une atteinte spinale, bulbaire mais également une gynécomastie [22]. D’autre part, des tableaux cliniques trompeurs de SBMA avec gynécomastie ont été rapportés en rapport avec une amyotrophie spinale de l’adulte liée au gène SMN1 (maladie de Kugelberg-Welander) [23] ou une
Prise en charge
Il n’existe pas de traitement modificateur de la maladie ayant démontré son efficacité et la prise en charge est donc symptomatique. La kinésithérapie est adaptée aux déficits et réalisée selon les principes généraux observés dans les maladies musculaires, c’est-à-dire régulière et consistant en un travail passif ou actif aidé. Elle doit respecter la fatigabilité qui est dans notre expérience un symptôme particulièrement marqué dans la SBMA et qui peut s’associer à des douleurs musculaires. Le
Conseil génétique
Il s’adresse aux patients comme aux apparentés, sachant qu’un diagnostic présymptomatique peut être réalisé chez un sujet informé de la maladie et désireux de connaître son statut génétique. Un diagnostic prénatal peut être proposé s’il existe une demande des parents. Il faut savoir que les enjeux de ce diagnostic doivent être bien soupesés car ils posent la question d’une interruption de grossesse, sachant qu’il s’agit d’une maladie qui ne diminue pas l’espérance de vie et qui reste compatible
Conclusion
Globalement, la SBMA reste sous-diagnostiquée. Dans une série de la littérature, les patients ne consultaient en moyenne que deux ans après le début des symptômes et le diagnostic n’était porté que trois ans après la première évaluation clinique [6]. Une meilleure connaissance de cette pathologie et le fait que le test génétique soit actuellement accessible en routine devraient permettre un diagnostic plus précoce et éviter les errances diagnostiques, notamment les diagnostics erronés de SLA.
Déclaration d’intérêts
l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Remerciements
l’auteur remercie l’Association pour la recherche sur la SLA, l’Inserm et la DGOS qui soutiennent un programme de recherche sur l’étude du transcriptome musculaire dans la SBMA (TRANE, investigateur principal : Dr Pierre-François Pradat, NCT01984957). Il remercie également l’Association française contre les myopathies (AFM), l’Institut pour la recherche sur la moelle et l’encéphale (IRME) et le programme « Investissements d’avenir » ANR-10-IAIHU-06 qui soutiennent un programme de recherche sur
Glossaire
- CAG
- Désigne un triplet des nucléotides : cystosine, adénine et guanine
- CPK
- Créatine phosphokinase
- ENMG
- Électroneuromyogramme
- SBMA
- Spinal and bulbar muscular atrophy
- SGOT
- Serum oxaloacetic transaminase
- SGPT
- Serum glutamic pyruvic transaminase
- SLA
- Sclérose latérale amyotrophique
- SMN1
- Survival Motor Neuron 1
Références (26)
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