Mise au point
Revue épidémiologique des blessures lors de la pratique du rugby à XVEpidemiological review of injuries in Rugby Union

https://doi.org/10.1016/j.jts.2013.11.003Get rights and content

Résumé

Le rugby est un sport en plein développement. Sport de contact par excellence, il est à l’origine d’un nombre important de blessures. Au rugby à XV, l’incidence des blessures s’élève de 30 à 91/1000 heures de match. Cette revue épidémiologique des blessures chez le rugbyman évoque leur localisation et leur nature, les causes, les moments des matches et de la saison auxquels elles se produisent, la position des joueurs et le type de terrain, ainsi que le temps d’interruption de la pratique à la suite d’une lésion.

Abstract

Rugby is an increasingly popular sport. Full contact being a major characteristic of rugby, injuries are not uncommon. The incidence of injury in Rugby Union reaches 30–91 per 1,000 hours of game time. This epidemiological review of injuries in rugby players reports their localization, nature, causes, moment of occurrence in matches and seasonal trends as well as the influence of the player's position, field conditions, and duration of off time after injury.

Introduction

Le rugby à XV est reconnu comme un sport de contact [1]. La lutte pour la possession du ballon est permanente [1] afin de marquer des points en utilisant ses capacités techniques et physiques.

Au rugby à XV, l’incidence des blessures s’élève de 30 à 91, voire même 120, pour 1000 heures de match selon les auteurs [2], [3], [4], [5], [6], [7]. Des études de cohorte sur des joueurs écossais amateurs (jeunes et seniors) ont montré que l’incidence des blessures augmentait avec l’âge, allant de 3/1000 heures de jeu chez les moins de 16 ans, 18 à 24/1000 heures de match pour les 20–24 ans, 35/1000 heures de match pour les 25–29 ans et 10–21/1000 heures de match chez les plus de 35 ans [3], [8].

Les blessures occasionnées à l’entraînement sont plus rares (6/1000 heures d’entraînement) et atteignent généralement les membres inférieurs [7].

Lors de la dernière coupe du monde en Nouvelle-Zélande, l’incidence des blessures s’élevait à 89,1/1000 heures de match et de 2,2/1000 heures d’entraînement [9].

Section snippets

Localisation des blessures

Le membre inférieur est le site le plus fréquemment atteint en match (30 à 55 % des blessures), suivi de la tête et du rachis cervical (14 à 30 %), puis du membre supérieur (15 à 20 %) et enfin du tronc (10 à 14 %) [4], [8], [10], [11], [12]. Chez les professionnels, la tête (commotions incluses) est le plus souvent atteinte (25 %), suivie du genou (14–20 %), de la cuisse (13–19 %) et de la cheville (11 %), puis de l’épaule (6,5 %), de la main (5,6 %), de la jambe (5,6 %) et du pied (3,5 %) [5]

Types de blessures

Chez les professionnels, plus de la moitié des lésions (55 %) sont des blessures fermées au niveau des tissus mous [4]. L’ensemble des blessures se répartissent en entorses ou déchirures capsulaires/ligamentaires (20–34 %), élongations ou déchirures musculotendineuses (20–29 %), plaies (12–27 %), contusions/hématomes (10–22 %), fractures (4–14 %), luxations/subluxations (4–10 %) et commotions cérébrales (3–10 %) [4], [7] (Tableau 1).

Les études concernant les semi-professionnels recensent des

Causes des blessures

La plupart des blessures (70 %) surviennent suite à un contact avec un autre joueur [3], [30]. Le plaquage est la phase de jeu qui provoque le plus de blessures (entre 36 et 58 %), 23–29 % chez les joueurs plaqués et 13–27 % chez les plaqueurs, la fréquence augmentant pour les joueurs les plus rapides [7], [30], [31]. D’autres études confirment la survenue lésionnelle plus élevée pour les joueurs subissant le plaquage [2], [5], [31], [32], [33]. L’incidence des lésions par plaquage se répartit

Blessures et charge d’entraînement

Gabbett souligne une corrélation significative entre la charge d’entraînement et les blessures [38]. Autrement dit, plus la charge est élevée, plus le risque de blessure l’est aussi. D’autres recherches portant sur la ligue de rugby ont largement reconnu que si l’intensité, la durée et la charge d’une séance d’entraînement ou d’un match augmentent, il en va de même pour l’incidence des blessures [21].

Il semble également qu’une mauvaise condition physique ainsi qu’une faible charge

Moments du match et de la saison auxquels les blessures surviennent

Dans une étude concernant les hommes et les femmes, 46 % des blessures se produisent durant la première mi-temps et 40 % durant la seconde ; pour les 14 % restant, l’information n’a pas été donnée [11]. Pour d’autres auteurs, il y a plus de blessures durant la seconde période (entre 55 et 70 %) que durant la première (entre 30 et 45 %). De nombreux médecins de terrain observent que le nombre de blessés augmente au fur et à mesure du match [3], [5], [11], [23], [33], [37], [39], mais il

Position du joueur : postes avants/arrières

Lors d’un match, chaque équipe effectue une moyenne de 300 plaqués. Les avants sont exposés à une moyenne de 55 collisions physiques contre 29 pour les arrières [40].

L’incidence des blessures (Tableau 2) sur actions fautives reste similaire pour les joueurs à l’avant et ceux à l’arrière [37]. L’incidence globale des lésions dues à un contact est plus importante pour les avants que pour les arrières [5], [6], [7]. Le plaquage entraîne davantage de blessures pour les arrières et l’incidence de

Position du joueur : positions détaillées

Sur cette question, les avis sont partagés. Pour certains, les deuxièmes lignes auraient une incidence plus grande de blessures que les autres positions, tandis que les 9, 10 et 12 présentent une incidence plus faible de blessures [11]. Pour d’autres, les ailiers occupent la position la plus souvent atteinte (21,6 %), suivie des centres (18,9 %) [33]. Pour d’autres encore, ce sont les talonneurs et les demis d’ouverture qui ont la plus grande incidence de blessures alors que les deuxièmes

Temps d’absence

Les blessures sont classées en 3 catégories en fonction du temps d’arrêt de la compétition. Les blessures mineures sont celles pour lesquelles la durée d’absence est de moins d’une semaine. Lorsque le joueur est absent d’une à trois semaines, la blessure est considérée comme modérée. Après trois semaines d’arrêt de la compétition, la lésion est dite sévère. La plupart des blessures sont considérées comme mineures (64–82 %), les blessures modérées (10–18 %) et sévères (8–22 %) s’avèrent moins

Type de terrain

Les terrains artificiels sont une alternative rentable au gazon naturel car ils peuvent être utilisés par tous les temps et pour de nombreuses activités. Les gazons artificiels évoluent depuis 50 ans et essaient de se rapprocher de plus en plus du gazon naturel. Il existe 3 générations de gazons artificiels et chacun possède ses propres caractéristiques :

  • la première génération, apparue fin des années 1960, est composée de fibres de nylon très courtes. Elle est caractérisée par une force de

Conclusion

Le rugby à XV est un sport en plein développement. Sport de contact par excellence, il est à l’origine d’un nombre important de traumatismes. Le recensement épidémiologique de blessures lors de la pratique de ce sport (par poste, moment du match, type de terrain…) est nécessaire pour mettre en évidence des facteurs de risque de lésions et pouvoir instaurer des protocoles de préventions spécifiques [45]. Cependant, aucune différence n’a pu être observée concernant l’incidence, la cause et la

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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