Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie
Article originalÉvaluation des pratiques professionnelles pour le suivi des grossesses prolongées dans un réseau de périnatalitéProlonged and post-term pregnancies: a regional survey of French clinical practices
Introduction
La durée moyenne de gestation est comprise entre 280 et 290 jours à partir du premier jour de la date des dernières règles soit 40+0 SA et 41+3 semaines d’aménorrhées (SA) [1]. La grossesse prolongée est définie par un terme supérieur ou égal à 41+0 SA et le terme dépassé par un terme supérieur ou égal à 42+0 SA [2]. En 2016 en France, ces deux situations représentaient respectivement 16,8 % et 0,5 % des grossesses [3]. Les principaux facteurs de risque identifiés de l’absence de mise en travail avant 41+0 SA sont la nulliparité, l’antécédent de grossesse prolongée, l’obésité, le fœtus de sexe masculin et l’âge maternel supérieur à 35 ans [4], [5], [6], [7], [8]. Cette période nécessite une surveillance particulière car la morbi-mortalité néonatale et maternelle brute augmente de manière graduelle à partir de 40 SA [9]. Sur le plan fœtal, on retrouve un risque cinq fois plus élevé de macrosomie, d’oligoamnios (10 à 15 %), d’anomalies du rythme cardiaque fœtal et de mort fœtale in utero (MFIU) [10], [11]. Ces évènements sont associés à des complications néonatales plus fréquentes comme le syndrome d’inhalation méconiale, le sepsis, l’hypoglycémie, la polyglobulie et les complications neurologiques, justifiant plus de transferts en soins intensifs [11]. Sur le plan maternel, on retrouve une augmentation modérée du risque de césarienne, de rupture utérine, d’hémorragie du post-partum, d’infection intra-utérine et de lésion obstétricale du sphincter anal (LOSA) [9].
Le Collège National des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a émis en 2011 des recommandations pour la pratique clinique (RPC) afin d’encadrer le suivi et la prise en charge des grossesses prolongées [2] compte tenu de l’augmentation significative de la mortalité périnatale entre 37 SA et 43+6 SA, passant de 0,7 ‰ à 5,8 ‰. Les risques sont augmentés même si leur fréquence reste faible. Il est ainsi recommandé de réaliser une surveillance rapprochée à partir de 41 + 0 SA, deux à trois fois par semaine, avec un enregistrement du rythme cardiaque fœtal et une échographie à la recherche d’un oligoamnios. En l’absence de pathologie, il est recommandé de proposer un déclenchement entre 41+0 SA et 42+6 SA.
Nous nous sommes intéressés à l’application de ces recommandations au sein de notre réseau de périnatalité. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la conformité de la prise en charge des grossesses prolongées. L’objectif secondaire était d’évaluer la morbi-mortalité néonatale et maternelle dans cette population.
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Méthodes
Il s’agit d’une évaluation des pratiques professionnelles (EPP) réalisée de façon rétrospective entre le 10 septembre 2018 et le 10 décembre 2018, dans les 23 maternités du réseau sécurité naissance des Pays de Loire (10 maternités type 1, 5 type 2A, 5 types 2B et 3 types 3) qui comptent plus de 39 000 accouchements annuels. La répartition des accouchements selon le type de maternité dans la région est de : 18,3 % en type 1, 53,1 % en type 2 et 28,6 % en type 3 d’après les données 2018.
Le
Résultats
Sur les 3 mois de l’étude, 4037 patientes ont accouché à un terme supérieur ou égal à 41 SA dans les Pays de la Loire (Fig. 1). Au total, 662 patientes (16 %) ont été incluses dans notre étude : 215 (32,5 %) ayant accouché dans une maternité de type 1, 324 (48,9 %) dans une maternité de type 2 et 123 (18,6 %) dans une maternité de type 3.
Les caractéristiques des patientes sont présentées dans le Tableau 1. Les accouchements des 662 patientes incluses dans l’EPP ont eu lieu entre 41+0 SA et 42+2
Discussion
Cette EPP montre que les recommandations nationales concernant la grossesse prolongée sont bien appliquées dans deux tiers des dossiers. Au cours du suivi, la fréquence des consultations et la réalisation d’ERCF sont conformes dans plus de 90 % des cas. Cependant une surveillance échographique rapprochée n’est réalisée seulement pour 66,4 % des cas et à la recherche d’oligoamnios par mesure de la plus grande citerne constitue un axe d’amélioration auprès des maternités, celle-ci n’étant
Conclusions
Les recommandations du CNGOF sur la prise en charge des grossesses prolongées sont bien appliquées pour le début et la fréquence du suivi. Les axes forts de l’amélioration sont la réalisation d’une échographie à la recherche d’un oligoamnios par la mesure de la plus grande citerne, l’évaluation du score de Bishop, la proposition du décollement des membranes et l’information des patientes notamment sur le bénéfice potentiel d’un déclenchement à partir de 41 SA. Ceci montre la nécessité de
Contributions des auteurs
Conception de l’étude : NW, NB, RC, ASC, CF, GG, PG, MO, GL, CA ; recueil des données : CL, MS ; analyse des données : MO ; écriture du manuscrit : CL, MS, CA ; relecture du manuscrit : NW, NB, RC, ASC, VD, CF, GG, PG, MO, GL, CA ; encadrement du travail : CA, GL.
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Remerciements
Nous souhaitions remercier l’ensemble des maternités du réseau ayant participées à cet audit, ainsi que toutes les patientes ayant contribuées à cette évaluation.
Références (27)
- et al.
Comment définir la date présumée de l’accouchement et le dépassement de terme ?
J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris)
(2011) - et al.
Prolonged and post-term pregnancies: guidelines for clinical practice from the French College of Gynecologists and Obstetricians (CNGOF)
Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol
(2013) - et al.
Male gender predisposes to prolongation of pregnancy
Am J Obstet Gynecol
(2002) Épidémiologie de la grossesse prolongée : incidence et morbidité maternelle
J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris)
(2011)- et al.
Complications fœtales et néonatales des grossesses prolongées
J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris)
(2011) Place de l’évaluation de la quantité de liquide amniotique, du score biophysique et du doppler dans la surveillance des grossesses prolongées
J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris)
(2011)- et al.
Neonatal complications of term pregnancy: rates by gestational age increase in a continuous, not threshold, fashion
Am J Obstet Gynecol
(2005) - et al.
Mort fœtal in-utero
J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris)
(2014) - et al.
Major risk factors for stillbirth in high-income countries: a systematic review and meta-analysis
Lancet
(2011) - et al.
No. 214-Guidelines for the Management of Pregnancy at 41+0 to 42+0 Weeks
J Obstet Gynaecol Can
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