Article originalComparaison des performances prédictives du TEP-TDM et du nomogramme CGFL/Curie pour prédire la réponse histologique complète après chimiothérapie néo-adjuvante des cancers du sein HER2-positifsComparing prediction performances of 18F-FDG PET and CGFL/Curie nomogram to predict pathologic complete response after neoadjuvant chemotherapy for HER2-positive breast cancers
Introduction
La chimiothérapie néoadjuvante (CNA) est devenue un standard pour les patientes ayant un cancer du sein localement avancé ou inflammatoire et/ou chez qui un traitement conservateur n’est pas possible d’emblée [1], [2]. Dans l’étude NSABP B18, démontrant l’intérêt de la CNA dans les cancers du sein, une augmentation de 12 % du taux de traitement conservateur était constatée [3].
Par ailleurs, la CNA permet d’évaluer in vivo la chimiosensibilité des tumeurs, c’est donc un excellent modèle pour étudier les facteurs pouvant être associés à une réponse histologique complète (pathologic complete response ou pCR). Des études ont démontré que la pCR est un marqueur intermédiaire (surrogate marker) pronostique de survie sans récidive et de survie globale [4], [5], [6], [7]. Plusieurs études ont analysé les facteurs associés à la pCR afin de prédire la réponse tumorale après CNA dans le cancer du sein [8]. Dans la littérature, 18 à 20 % des tumeurs surexpriment ou amplifient HER2 [9], [10], [11]. L’amplification d’HER2 augmente la croissance cellulaire et favorise le potentiel métastatique des tumeurs. Elle semble donc associée à des tumeurs plus agressives. L’utilisation du trastuzumab associé à une thérapie cytotoxique est devenue le traitement néoadjuvant de référence pour les tumeurs surexprimant/amplifiant HER2 [12], [13].
La TEP-TDM (tomographie par émission de positons-tomodensitométrie) au 2-désoxy-2-(18F)fluoro-D-glucose (18F-FDG) est la technique de référence pour l’évaluation in vivo du métabolisme glucidique tumoral [14]. Des études analysant la prédiction de la pCR dans le cancer du sein par la TEP-TDM après CNA ont montré des résultats prometteurs. L’étude de Rousseau et al., publiée en 2006, a démontré la supériorité de la TEP-TDM par rapport à la mammographie ou à l’échographie pour prédire la pCR après une, deux ou trois cures de CNA [15]. Puis plusieurs études ont confirmé que la TEP-TDM avec calcul de la ΔSUV permettait de prédire la pCR après la première cure de CNA [16], [17]. Ces études ont été réalisées à partir de cohortes non spécifiques incluant divers sous-types moléculaires de cancer du sein. En 2013, Gebhart et al. ont publié l’étude Néo-ALTTO, qui était la première étude montrant que la TEP-TDM pouvait prédire la probabilité de pCR après CNA avec un anti-HER2 chez des patientes surexprimant/amplifiant HER2 [18]. Plus récemment dans une étude prospective, Humbert et al. ont constaté que la PET2.SUVmax était un facteur prédictif de pCR après une cure de CNA si elle était inférieure à 2,1 pour des tumeurs surexprimant/amplifiant HER2 [14].
Étant donné que la pCR est un marqueur intermédiaire de survie, des modèles mathématiques ont été créés pour prédire la pCR. En effet, l’utilisation de prédicteurs améliore notre connaissance des pathologies et nous permet d’optimiser les prises en charge thérapeutiques en identifiant des sous-groupes de patientes. En 2017, Jankowski et al. ont créé le nomogramme CGFL/Curie basé sur des variables clinicopathologiques afin de prédire la pCR après CNA avec trastuzumab pour des tumeurs surexprimant/amplifiant HER2 [19].
L’objectif de cette étude était de comparer les performances du nomogramme CGFL/Curie et de la PET2.SUVmax pour prédire la pCR après CNA avec trastuzumab pour les tumeurs surexprimant/amplifiant HER2.
Section snippets
Population
Les données de 51 patientes ayant une tumeur surexprimant/amplifiant HER2 traitées par CNA avec trastuzumab ont été recueillies de façon rétrospective entre janvier 2005 et décembre 2015 au centre de lutte Georges-François-Leclerc (CGFL) à Dijon. Avant le début de la CNA, chaque patiente bénéficiait d’une évaluation radiologique du métabolisme tumoral par TEP-TDM au 18F-FDG et de la taille tumorale par mammographie/échographie et/ou angiomammographie et/ou IRM mammaire. Le protocole de CNA
Caractéristiques de la population et des tumeurs
Cinquante et une patientes ayant un cancer du sein surexprimant/amplifiant HER2 et bénéficiant d’une CNA avec trastuzumab ont constitué notre cohorte. Les données ont été recueillies de janvier 2005 à décembre 2015. Les données clinicopathologiques des patientes sont résumées dans le Tableau 2. La moyenne d’âge était de 45 ± 13 ans. Dix-huit patientes étaient ménopausées (35,3 %). Six patientes avaient une tumeur au stade T1 (11,8 %), 35 au stade T2 (68,6 %) et 10 au stade T3 (19,6 %). L’examen
Conclusion
Le nomogramme CGFL/Curie et la PET2.SUVmax sont deux prédicteurs performants pour définir la pCR chez des patientes ayant une tumeur surexprimant/amplifiant HER2 avec une AUC de 0,60 (IC95 % : 0,56–0,63 %) pour la PET2.SUVmax et de 0,55 (IC95 % : 0,50–0,59 %) pour le nomogramme. Les prédictions du nomogramme CGFL/Curie et de la PET2.SUVmax étaient corrélées mais la pCR était définie pour des patientes différentes.
La prédiction combinée permet d’augmenter les performances prédictives avec des Se
Discussion
Chez les patientes ayant une tumeur surexprimant/amplifiant HER2, l’estimation de la chimiosensibilité tumorale est primordiale puisqu’elle permet l’optimisation des traitements [20], [21], [22], [23], [24]. Ainsi, la CNA permet d’évaluer in vivo la chimiosensibilité et de rechercher de nouveaux biomarqueurs prédictifs de réponse tumorale.
L’impact de la réponse tumorale et notamment de la pCR est majeur. Plusieurs études ont montré que la pCR est un marqueur de survie sans récidive et de survie
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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