Recommandations pour la pratique clinique
Prise en charge des abcès tubo-ovariens (ATO) et des formes compliquées d’infections génitales hautes. RPC infections génitales hautes CNGOF et SPILFManagement of tubo-ovarian abscesses and complicated pelvic inflammatory disease: CNGOF and SPILF Pelvic Inflammatory Diseases Guidelines

https://doi.org/10.1016/j.gofs.2019.03.011Get rights and content

Résumé

Un abcès tubo-ovarien (ATO) doit être suspecté dans un contexte d’infection génitale haute (IGH) en cas de symptomatologie douloureuse sévère associée à la présence de signes généraux et la palpation d’une masse annexielle au toucher vaginal (TV). L’imagerie permet le plus souvent un diagnostic rapide, par l’échographie ou le scanner, ce dernier étant irradiant mais permettant également d’envisager les diagnostics différentiels (pathologie digestive ou urinaire) en cas de syndrome douloureux pelvien. L’IRM, examen non irradiant, chaque fois qu’elle est réalisable, apporte des informations pertinentes, plus performantes, orientant rapidement le diagnostic. Le diagnostic d’abcès tubo-ovarien doit conduire à l’hospitalisation de la patiente, à la réalisation de prélèvements à visée bactériologique, à la mise en route d’une antibiothérapie probabiliste associée au drainage de la collection purulente. Dans les formes septiques sévères (péritonite généralisée, choc septique), la chirurgie (cœlioscopie ou laparotomie) garde toute sa place. Dans les autres situations, la ponction transvaginale échoguidée en l’absence de troubles majeurs de l’hémostase ou de sepsis sévère, est une alternative moins morbide que la chirurgie et permet d’obtenir des taux élevés de guérison. Elle bénéficie aujourd’hui d’une évaluation satisfaisante dans la littérature et s’inscrit dans une logique de désescalade thérapeutique. Des essais randomisés évaluant le drainage cœlioscopique versus le drainage radiologique devraient permettre de répondre, dans les années qui viennent, aux questions restant encore en suspens (impact sur les algies pelviennes chroniques, la fertilité). Les recommandations pour la prise en charge des ATO éditées en 2012 par le CNGOF restent d’actualité, légitimant la place du drainage radiologique associé à l’antibiothérapie.

Abstract

A tubo-ovarian abscess (ATO) should be suspected in a context of pelvic inflammatory disease (PID) in case of severe pain associated with the presence of general signs and palpation of an adnexal mass at pelvic examination. Imaging allows most often a rapid diagnosis, by ultrasound or CT, the latter being irradiant but also allowing to consider the differential diagnoses (digestive or urinary diseases) in case of pelvic pain. MRI, non-irradiating examination, whenever it is feasible, provides relevant information, more efficient, guiding quickly the diagnosis. The diagnosis of tubo-ovarian abscess should lead to the hospitalization of the patient, the collection of bacteriological samples, the initiation of a probabilistic antibiotherapy associated with drainage of the purulent collection. In severe septic forms (generalized peritonitis, septic shock), surgery (laparoscopy or laparotomy) keeps its place. In other situations, ultrasound-guided trans-vaginal puncture in the absence of major hemostasis disorders or severe sepsis is a less morbid alternative to surgery and provides high rates of cure. Today, ultrasound-guided trans-vaginal puncture has been satisfactory evaluated in the literature and is part of a logic of therapeutic de-escalation. Randomized trials evaluating laparoscopic drainage versus radiological drainage should be able to answer, in the coming years, questions that are still outstanding (impact on chronic pelvic pain, fertility). The recommendations for the management of ATO published in 2012 by the CNGOF remain valid, legitimizing the place of radiological drainage associated with antibiotic therapy.

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Méthodologie de recherche

Une recherche bibliographique a été effectuée dans la base de données Pubmed/Medline. Cette recherche a été limitée aux publications en langues anglaise et française sur la période (janvier 2008–février 2018), complétée par une recherche manuelle à partir des bibliographies des articles consultés, en utilisant les mots clés suivants : « Pelvic inflammatory disease » et « tubo-ovarian abscess ». Les articles ont été sélectionnés sur la base du titre, puis du résumé et enfin de l’article

Pathologie

Les abcès tubo-ovariens (ATO) regroupent les pyosalpinx, les abcès de l’ovaire, les ATO proprement dits et les collections abcédées du Douglas d’origine génitale. Ils surviennent le plus souvent chez des femmes en période d’activité génitale et compliquent 10 à 35 % des infections génitales hautes. Ils sont unilatéraux dans 70 % des cas [2], [3].

Une recrudescence de l’incidence des infections génitales hautes à Chlamydiae et des ATO est observée depuis le début des années 2000 (Institut de

Stratégies de prise en charge de référence

Les modalités de prise en charge des ATO ont évolué au fil du temps. Les anciennes séries rétrospectives rapportant l’efficacité de l’antibiothérapie seule dans la prise en charge des ATO faisaient état de taux de guérison (définie comme le non-recours à la chirurgie) compris entre 34 et 91 % selon les protocoles antibiotiques utilisés mais le plus souvent, ils étaient inférieurs à 70 % [19], [20], [21], [22]. L’absence de drainage de ces collections suppurées expose au risque de rupture et de

Situations particulières

Il n’y aucune nouvelle donnée significative dans la littérature modifiant les recommandations formulées dans les situations particulières en 2012 (endométriose profonde, grossesse, séropositivité VIH, et ponction ovocytaire). Un article récent rappelle toutefois la sévérité accrue du tableau d’IGH et d’ATO quand celui-ci survient dans un contexte d’endométriose [52].

Perspectives

Peu d’études ont rapporté le pronostic de fertilité des patientes traitées pour ATO. Les premières séries rapportaient des taux de grossesse compris entre 43 % et 63 % [42], [43]. Plus récemment, Gjelland et al. ont rapporté le devenir obstétrical d’une centaine de patientes en âge de procréer et prises en charge par ponction transvaginale pour ATO avec un suivi moyen de 10 ans [53] (NP3). Parmi elles, 20 des 38 (53 %) qui tentaient d’obtenir une grossesse l’ont obtenue spontanément. En plus, 7

Conclusions

Le diagnostic d’ATO, dans un contexte d’IGH, est facilité par l’usage des techniques modernes d’imagerie, en particulier l’IRM. Dès le diagnostic posé, il faut envisager une approche thérapeutique associant une antibiothérapie probabiliste parentérale ciblant les germes les plus fréquemment en cause, une ponction–drainage de la collection suppurée si elle est de taille > 3–4 cm idéalement par voie échoguidée ou par voie cœlioscopique. La ponction transvaginale échoguidée des ATO est une approche

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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