Review ArticleLes médecins civils face aux syndromes psychotraumatiques chroniques des soldats des guerres d’EmpireCivilian doctors face chronic psychotraumatic syndromes of soldiers of the wars of Empire
Introduction
Les guerres de la Révolution débutent en 1792 avec la guerre contre le Saint-Empire et les royaumes de Bohême et de Hongrie et se terminent en 1802 avec le traité d’Amiens. Après une brève période de paix, les guerres napoléoniennes commencent, en 1803, avec la déclaration de guerre du Royaume-Uni à la France et prennent fin en 1815 avec la bataille de Waterloo.
Les hostilités terminées, les soldats rentrent dans leur foyer. Les armes se sont tues, ils ont retrouvé les leurs mais ils n’en sont pas quittes pour autant de leurs tourments.
Comme l’ont notifié les médecins militaires, les combattants peuvent présenter des troubles psychologiques dans le décours de la guerre2. Dès les premiers jours et les premières semaines, certains voient ces manifestations s’estomper et disparaître spontanément ; d’autres commencent à souffrir de symptômes psychotraumatiques qui peuvent s’avérer transitoires ou devenir chroniques et persister longtemps après que la paix soit revenue. Ainsi, en 1829, 30 ans après les faits de guerre du soldat Jean-Louis Cecille, le médecin en chef de l’hôpital Saint-Louis certifie que le malheureux n’est pas en mesure d’exercer un emploi en raison de « ses infirmités et ses malheurs »3. Dans les statistiques de la Maison Royale de Charenton publiées en 1838, un cinquième des résidents sont des militaires4,5. Il arrive que les symptômes ne surgissent que plusieurs mois, voire plusieurs années, après les événements traumatiques. C’est le cas de M. ***, un soldat qui avait suivi Bonaparte en Égypte et qui ne fut frappé d’apoplexie que quelques années après son retour en France6.
Les guerres d’Empire fournissent ainsi, après la cessation du conflit, de nombreux cas cliniques aux confrères civils des médecins de la Grande Armée. C’est le cas notamment des célèbres aliénistes Philippe Pinel et de Jean-Etienne Esquirol qui eurent la charge de militaires traumatisés.
Section snippets
La naissance de la psychiatrie
Sous l’impulsion des contributions originales de Philippe Pinel et d’Etienne Esquirol, l’étude clinique des traumatismes psychiques consécutifs aux guerres d’Empire présentés par les soldats démobilisés va jouer un rôle central dans la genèse de la psychiatrie. Le champ de cette nouvelle discipline médicale circonscrit la folie comme une maladie, ce qui permet de la considérer curable. Cette conception inédite engendre des stratégies médicales rompant avec l’approche antérieure des troubles
La première nosographie et les troubles psychotraumatiques
C’est à Philippe Pinel que l’on doit la première classification des maladies mentales, à l’époque nommées vésanies ou aliénations mentales. Après une première nosographie publiée en 1798, la Nosographie philosophique, il édite en 1801, son Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale.
Dans la seconde édition de son traité pour l’humanisation du traitement des aliénés paru en 1809, Pinel décrit les troubles de soldats atteints de vésanies16
L’aliénation mentale
Les chirurgiens de la Grande Armée, reprenant les dénominations des médecins militaires de l’Ancien Régime22, appellent « nostalgie » les troubles d’allure dépressive affectant les soldats des troupes napoléoniennes et « syndrome du vent du boulet » les états stuporeux présentés par les militaires physiquement sains et saufs mais perturbés d’avoir été effleurés par le souffle de ces
Conclusion
La Révolution française, d’abord, et les campagnes napoléoniennes ensuite, diffusent des idées de liberté et d’égalité et contribuent à considérer plus humainement les personnes souffrant d’un trouble mental. Parallèlement, l’évolution de la science offre aux médecins de mieux comprendre le fonctionnement du système nerveux. Ce contexte permet l’émergence d’une nouvelle spécialité médicale nommée psychiatrie. C’est ainsi que les soldats traumatisés sont traités par les premiers aliénistes
Déclaration de liens d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
References (0)
Cited by (0)
- 1
http://www.resilience-psy.com.