Elsevier

Bulletin du Cancer

Volume 103, Issue 3, March 2016, Pages 252-258
Bulletin du Cancer

Synthèse
La classification histo-moléculaire des cancers épithéliaux ovariens en 2 types est-elle pertinente ?Dualistic classification of epithelial ovarian cancer: Is it clinically relevant?

https://doi.org/10.1016/j.bulcan.2015.12.005Get rights and content

Résumé

Les tumeurs épithéliales malignes (carcinomes) sont les cancers les plus fréquents de l’ovaire et sont responsables de la majorité des décès par cancer gynécologique. Compte tenu de leur morphologie très hétérogène, un modèle de carcinogenèse binaire en type I et type II, à l’instar des carcinomes endométriaux, a été proposé par l’équipe de John Hopkins en 2004. Les cancers de type I regroupant les carcinomes séreux de bas grade, endométrioïdes, mucineux, Brenner maligne et à cellules claires semblaient distincts des carcinomes de type II (carcinomes séreux de haut grade, indifférencié, carcinosarcome). Cependant, les études cliniques ultérieures n’ont pas permis de démontrer la valeur pronostique d’une telle classification en deux groupes. Le principal reproche de ce modèle binaire était qu’il regroupait au sein d’un même type (type I) des cancers très hétérogènes, tels que les carcinomes à cellules claires et les carcinomes mucineux. Les avancées en biologie moléculaire et les nouvelles découvertes sur l’histogenèse et des précurseurs des carcinomes ovariens, montrent qu’il s’agit en réalité d’une pathologie très hétérogène regroupant au moins cinq maladies distinctes avec des enjeux thérapeutiques très différents et des cibles parfois partagées mais rarement. Le modèle d’histogenèse binaire en type I et type II n’est plus guère applicable qu’aux carcinomes séreux (bas grade et haut grade).

Summary

Malignant epithelial tumors (carcinomas) are the most common ovarian cancers and the most lethal gynecological malignancies. Based on their heterogeneous morphology, a dualistic model of carcinogenesis was proposed in 2004. Type I carcinomas, composed of low grade serous, endometrioid, mucinous, clear cell carcinomas and malignant Brenner tumors, were distinct from type II carcinomas (high grade serous, undifferentiated carcinomas and carcinosarcomas). However, clinical studies failed to demonstrate the prognostic value of such a classification. The main reproach to this dualistic model was that it lumped together in type I tumors, heterogeneous lesions such as clear cell and mucinous carcinomas. Recent advances on molecular genetic alterations and precursor lesions favor the classification of ovarian carcinomas as five distinct diseases. The dualistic model of carcinogenesis in type I and II can finally be applied only to serous ovarian carcinomas (low grade and high grade).

Introduction

Les tumeurs ovariennes sont subdivisées en trois grandes catégories, les tumeurs épithéliales (55 %), les tumeurs germinales (30 %) et les tumeurs des cordons sexuels et du stroma gonadique (8 %). Parmi les cancers, les carcinomes (tumeurs épithéliales malignes) sont majoritaires (85 %), et sont subdivisés en fonction du type histologique du revêtement épithélial qui les compose, en carcinomes séreux, endométrioïdes, mucineux, séro-mucineux, à cellules claires, Brenner malignes, et indifférenciés [1]. Il apparaît de plus en plus que le cancer de l’ovaire est une maladie hétérogène avec des spécificités moléculaires et thérapeutiques en fonction du type histologique du carcinome. De fait, d’un point de vue clinique les avancées thérapeutiques de la biologie moléculaire et les résultats cliniques des essais précoces semblent montrer l’absence d’intérêt d’une classification binaire.

Section snippets

Les carcinomes séreux

Les carcinomes séreux sont subdivisés en deux groupes : les carcinomes séreux de bas grade et les carcinomes séreux de haut grade.

Classification des carcinomes ovariens en deux types anatomo-cliniques Type I et Type II

Comme nous venons de le constater dans le chapitre précédent, le cancer épithélial de l’ovaire ne représente pas une seule et unique maladie. Les carcinomes sont subdivisés en plusieurs catégories avec un pronostic, des anomalies moléculaires et une morphologie variable. Dans le but de rendre la pathogénie des carcinomes ovariens plus compréhensible, l’équipe de John Hopkins et du Pr Kurman [29], [30] a proposé un modèle binaire de carcinogenèse ovarien, en s’inspirant du modèle

Nouvelle classification anatomo-clinique des carcinomes ovariens en cinq groupes distincts

Finalement, la classification binaire des carcinomes ovariens proposée par l’équipe de Kurman est une réalité qui ne peut s’appliquer qu’aux carcinomes séreux de l’ovaire. En effet, les carcinomes séreux de bas grade d’une part et de haut grade d’autre part, présentent effectivement deux voies distinctes de carcinogenèse, avec des précurseurs, des anomalies moléculaires, une morphologie et un pronostic différents entre les deux types. Cependant, les carcinomes de type I de Kurman regroupent

Conclusion

La classification des carcinomes ovariens en deux groupes de type I et type II, ne peut être véritablement appliquée qu’aux carcinomes séreux de l’ovaire, respectivement de bas grade et de haut grade. La classification en cinq groupes comme proposée par Prat semble mieux adhérer à l’hétérogénéité des carcinomes ovariens. Enfin, ces différentes classifications ne correspondent qu’à une séparation anatomo-clinique et biologique des tumeurs de l’ovaire. Les pathologistes doivent utiliser la

Déclaration de liens d’intérêts

les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (39)

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