Mémoire original
Télédermatologie en milieu carcéral : étude rétrospective de 500 télé-expertisesTeledermatology in a prison setting: A retrospective study of 500 expert opinions

https://doi.org/10.1016/j.annder.2015.12.018Get rights and content

Résumé

Introduction

La maison d’arrêt de Fresnes est l’un des plus grands centres pénitenciers de France (environ 2300 détenus). En raison de l’impossibilité d’avoir des consultations dermatologiques sur place, une convention de télédermatologie a été signée en 2008 entre l’hôpital du Kremlin-Bicêtre dont dépend l’unité de consultation et de soins ambulatoires (UCSA) de Fresnes et l’hôpital Saint-Louis pour obtenir des avis dermatologiques à distance. Nous rapportons le bilan des 3 dernières années de cette activité de télédermatologie en milieu carcéral.

Observations

Toutes les consultations de télédermatologie données de septembre 2010 à septembre 2013 ont été analysées. Les avis demandés par les médecins de l’UCSA comportaient les photos des lésions, les antécédents des patients et l’histoire de la maladie. Les demandes étaient envoyées par e-mail sur le réseau intranet sécurisé de l’AP–HP. Les patients avaient toujours au préalable donné leur autorisation pour être photographiés et que ces photos soient transmises pour obtenir une expertise à distance. Les réponses étaient données dans un délai maximum de 5 jours ouvrables. Les données étudiées sont : le sexe, l’âge, le phototype, les antécédents médicaux, les diagnostics, les bilans demandés et les traitements reçus.

Résultats

Parmi les patients, 94,1 % étaient de sexe masculin avec une moyenne d’âge de 34 ans. Les phototypes VI et IV étaient majoritaires avec des pourcentages respectifs de 30,6 % et 28,6 %. Les dermatoses diagnostiquées étaient le plus souvent bénignes et variées : Infections (20,2 %), surveillance de nævus (11,5 %), condylomes génitaux (10 %), eczéma (8,5 %), acné (8,1 %), psoriasis (4,2 %). Deux cas (lupus et carcinome basocellulaire cutané) ont nécessité une extraction. Des traitements systémiques tels que le méthotrexate et l’isotrétinoïne ont pu être débutés et suivis à distance.

Discussion

Les diagnostics les plus fréquemment observés ne sont pas significativement différents de ceux observés dans la population non détenue de mêmes caractéristiques. Le phototype élevé des patients nécessite une bonne expérience en dermatologie de la peau noire. La télédermatologie se révèle aussi importante dans la surveillance des nævus chez les détenus de phototype clair. Le faible nombre de cas de gale est dû à la recherche systématique de signes de scabiose à l’admission du détenu. Par ailleurs, la télédermatologie participe à la formation des médecins demandeurs dont les demandes deviennent de plus en plus pertinentes avec le temps.

Conclusion

Cette étude permet de mieux connaître la pathologie dermatologique en milieu carcéral et montre que la télédermatologie est un outil adapté aux contraintes spécifiques de cet univers, qui offre aux détenus une prise en charge médicale aussi proche que possible de celle des non-détenus et participe ainsi au respect de leurs droits fondamentaux.

Summary

Background

Fresnes prison is one of the largest penitentiary centres in France (around 2300 inmates). Since dermatological consultations are not possible on site, a teledermatology agreement was signed in 2008 between the Kremlin-Bicêtre hospital, used by the Fresnes consultation unit and outpatient care (UCSA) and the Saint-Louis hospital for remote dermatological expertise. We report the results of the last 3 years of teledermatology activity in this prison.

Patients and methods

All teledermatology consultations from September 2010 to September 2013 were analysed. The teledermatological consultations requested by UCSA doctors included photos of lesions, patient history and disease history. Applications were sent by e-mail via the secure AP–HP (Paris Hospitals) intranet. In all instances, patients had consented to being photographed and these photos were transmitted for remote expertise. The answers were given in a maximum period of 5 working days. The following data were studied: sex, age, phototype, medical history, diagnoses, assessments requested and treatment received.

Results

Five hundred teledermatological consultations were analysed. Among the patients, 94.1% were male with a mean age of 34 years. Phototypes IV and VI constituted the majority, with respective percentages of 30.6% and 28.6%. The dermatoses diagnosed were for the most part mild and varied: cutaneous infections (20.2%), monitoring of nevi (11.5%), genital warts (10%), eczema (8.5%), acne (8.1%) and psoriasis (4.2%). Two cases (basal cell carcinoma and lupus) required ablation. Systemic treatments such as methotrexate and isotretinoin were initiated and monitored remotely.

Discussion

The most frequently observed diagnoses were not significantly different from those observed in the general population with comparable characteristics. The high phototype of patients requires extensive experience of the dermatology of black skin. Teledermatology is also important in monitoring nevi among prisoners. The low incidence of scabies is due to its systematic detection in prisoners on initial entry into prison. Furthermore, teledermatology is actively used in the teaching of prison doctors requiring training, and whose requests are becoming more and more relevant with time.

Conclusion

This study provides greater knowledge of dermatological diseases in prison and shows teledermatology to be a tool suited to the specific constraints of this universe, while providing inmates with medical care as close as possible to that of the general population, and it thus helps ensure that their fundamental human rights are upheld.

Section snippets

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur les consultations de télédermatologie données de septembre 2010 à septembre 2013.

Une demi-journée par semaine était consacrée par les deux médecins internistes de l’UCSA de Fresnes à demander des avis dermatologiques à distance. Les photos des lésions étaient prises à l’aide d’une caméra de marque Pentax x70, qui possède une définition effective de 12 mégapixels. Les demandes, comportant les antécédents des patients, l’histoire de leur maladie et

Résultats

Au cours de la période étudiée, 500 consultations ont été données. Parmi l’ensemble de ces consultations, 47 ont été consacrées à donner un traitement en fonction des résultats des examens complémentaires demandés, 11 pour revoir le patient dans le cadre d’un suivi du traitement et enfin 13 consultations ont été faites à la demande du médecin interniste suite à l’échec du traitement ou la rechute de la maladie.

Les consultations de suivi étaient programmées d’avance dans le planning des médecins

Discussion

Notre étude rapporte les caractéristiques de la plus grande population ayant bénéficié d’une télé-expertise dermatologique en milieu carcéral à ce jour.

Ce grand nombre de consultations a pu être réalisé grâce au principe très simple de la visualisation des photos de bonne qualité et l’analyse des éléments des examens cliniques et ou paracliniques déjà effectués par les médecins internistes au sein de leurs consultations. Cela n’aurait pas été possible avec la téléconsultation par

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (8)

There are more references available in the full text version of this article.

Cited by (0)

View full text