COEFFICIENT DE CAPITAL ET NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT
par Pierre Rainelli*
L'évolution dans le long terme du coefficient de capital revêt une importance considérable pour la croissance économique. Pour Bertrand de Jou- venel (i) « les hypothèses que l'on forme sur le sens de l'évolution du rapport affectent puissamment notre vision de l'avenir, d'une part quant à l'accélération ou au ralentissement de la croissance économique, d'autre part quant aux problèmes du partage social ». Pour les pays riches, un coefficient en baisse signifie que la poursuite de l'expansion ne sera pas liée à un accroissement constant du taux d'investissement, ce qui permet une augmentation de la part du produit consacrée à la consommation. Pour les pays pauvres, un déclin de l'intensité du capital est l'espoir d'une plus rapide amélioration du niveau de vie actuel.
Selon certains auteurs, le rapport capital-produit aurait tendance à augmenter, pour d'autres au contraire son mouvement à long terme serait orienté à la baisse; selon d'autres enfin, il resterait constant. Les arguments théoriques justifiant ces trois positions ne manquent pas : action de la loi des rendements décroissants, influence du progrès technique économisant le capital, progrès technique neutre. Toutefois peu de raisonnements sont étayés par une documentation statistique. Il est vrai que celle-ci est récente et relativement peu abondante.
Il nous a paru intéressant de rassembler toutes les données dont nous avions connaissance et de les confronter aux diverses opinions. Plus généralement nous avons essayé de voir s'il existait une liaison entre le niveau de développement d'un pays, et la valeur de son coefficient de capital.
Dans une première partie nous soulèverons quelques problèmes théoriques touchant à la validité du concept de coefficient de capital considéré comme
* Assistant I.N.R.A., station d'Economie rurale de Rennes. (i) Jouvenel (Bertrand de), Le coefficient de capital, Bulletin S.E.D.E.I.S., n° 821, supplément I, 20 mai 1963, p. 3.
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