PHILIPPE CADÈNE

L'usage des espaces péri-urbains Une géographie régionale des conflits

La géographie humaine et régionale française a longtemps perçu son objet d'étude en termes de permanence et de stabilité. De la fin du siècle dernier jusqu'au milieu des années 1950, l'école fondée par Vidal de La Blache a analysé les modalités de la répartition spatiale des hommes et de leurs activités en accordant une place primordiale aux campagnes et aux régions rurales, où les facteurs du changement social étaient les moins actifs. Les géographes ont en revanche largement délaissé l'étude des villes et des régions industrielles, qui étaient pourtant en pleine évolution et occupaient une place sans cesse croissante au sein de la société et de l'espace français.

Cependant, avec les mutations profondes que connaît la PVance après la Seconde Guerre mondiale, c'est un objet en changement rapide qui se présente à l'analyse. Inspirés par les travaux de quelques précurseurs [Thûnen 1826 ; Weber 1909] et ceux d'auteurs plus proches, voire contemporains [Christaller 1933 ; Lôsch 1954 ; Perroux 1955], les géographes entreprennent ainsi, dès les années 1950, le renouvellement de leurs théories de l'organisation spatiale. L'attention est désormais portée sur les flux traversant l'espace et sur les facteurs économiques qui les orientent et les activent.

En quelques années, cependant, cette approche montre ses limites. La croissance économique soulève en effet des problèmes qui ne peuvent laisser les géographes indifférents. Le développement industriel menace

E. R., avr.- sept. 1990, 118-119 : £35-267.