AUTEL ET AUTRETEL
EN MOYEN FRANÇAIS
LE CRÉPUSCULE
Les manuels de moyen français ne s'attardent guère à des satellites de tel, condamnés, il est vrai, à disparaître à l'époque. Mais peut-être les historiens du français n'ont-ils pas attendu que autel et autretel soient vraiment morts pour les enterrer ' . Avant tout, essayons donc de cerner chronologiquement la vitalité de ces moribonds et de déterminer le degré de cette ultime manifestation de vie ; il y a là un crépuscule qu'il ne faut pas négliger.
Dans son Histoire de la langue française aux XIVe et XVe siècles 2, Christiane Marchello-Nizia adopte, à ce propos, une position qui
1. En revanche, selon A. Haase, Syntaxe française du XVIF siècle, trad. M. Obert, Paris, 1898, § 548 : « Autre, pronom et adjectif, étroitement relié à tel, s'emploie encore chez les auteurs de la première moitié du xvne siècle, comme dans l'ancien français ». Nous reviendrons plus loin sur cette assertion et sur les exemples produits par Haase, exemples dans lesquels figure toujours la graphie en deux mots.
2. Christiane Marchello-Nizia, Histoire de la langue française aux XIVe et XVe siècles, Paris, 1979, respectivement p. 133 et p. 152. En ce qui regarde la Syntaxe du moyen français de R. Martin et M. Wilmet, Bordeaux, 1980, voir, ci-dessous, note 10. Le glossaire de la Chrestomathie de P. Rickard n'a pas enregistré d ? autretel, et il renvoie à trois exemples de autel ; voir, ci-dessous, note 8.