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La charge en suspension et la charge dissoute dans l'Isère à Grenoble : protocole de mesure et de test des données

Jean-Luc Peiry^

Introduction

La difficulté d'effectuer la mesure des transports solides sur les cours d'eau a depuis longtemps retenu l'attention des spécialistes (AISH, 1981 ; EDF-DTG, 1993). Elle semble aller en s' accroissant selon le type de charge auquel on se réfère (charge dissoute, charge en suspension ou charge de fond). Les techniques et protocoles de mesure apparaissent en grand nombre dans la littérature spécialisée (Olive & Rieger, 1992 ; Gurnell et al, 1994 ; Moody & Meade, 1994 ; O'Rior- dan et al, 1996). Si on exclut les charriages qui sont en dehors des préoccupations de cet article, les mesures en continu de la charge dissoute et de la charge en suspension se heurtent à deux principaux types de problèmes :

- de métrologie, tout d'abord, les multiples techniques développées ayant pour objectif soit de mesurer la valeur de la concentration d'un échantillon d'eau (prélèvement, pompage...), soit de l'évaluer indirectement par le biais de paramètres de substitution (conductivité pour la matière dissoute ; densimétrie optique ou radioactive pour la matière en suspension...). Ces techniques occasionnent, pour la plupart, des perturbations hydrauliques lors de la prise d'échantillon, perturbations qui peuvent largement affecter la qualité de la mesure ; des problèmes parfois aigus de maintenance accroissent encore les difficultésmétrologiques ;

- de représentativité spatiale et temporelle du point de mesure, ensuite : les

tions sont susceptibles de varier fortement sur la section d'écoulement étudiée, tant verticalement que latéralement ; elles peuvent aussi rapidement changer dans le temps avec les variations du débit et de la production sé- dimentaire.

Tableau 1 : Quelques caractéristiques de l'Isère à Grenoble

Même si les problèmes soulevés précédemment génèrent de larges incertitudes sur la qualité de la mesure, il est nécessaire de développer des protocoles de quantification des transports solides, tant pour répondre aux besoins des gestionnaires qu'aux questions de connaissance fondamentale. L'objectif de cet article est de présenter : i) le protocole de mesure de la charge en suspension et de la charge dissoute de l'Isère à Grenoble (tableau 1) ; ii) les dispositifs techniques et de test des données visant à valider et/ou améliorer la qualité de la mesure. Les mesures sont principalement destinées : i) au suivi saisonnier des matières en suspension (MES) et de la minéralisation des écoulements, de manière à mettre en évidence leur variabilité temporelle et de tenter d'en établir les causes ; ii) à alimenter une base de données abiotiques dans le cadre d'une étude des processus de sédimentation et de végétalisation des îles de l'Isère en amont de Grenoble.

REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1996 №2