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Tu ne joueras point

[article]

Éditeur : Traverses
Fait partie d'un numéro thématique : Le jeu
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tu ne joueras peint

Marc Guillaume Le hasard est une invention moderne. Même si la notion est présente chez

Aristote, elle n'a été précisée et maîtrisée vraiment que depuis deux siècles. Et l'idée que le monde est infiltré de toutes parts, voire explicable, par des phénomènes aléatoires caractérise aussi notre modernité. Les civilisations traditionnelles ne pensent pas un monde soumis à de tels désordres ou du moins envisagent ces désordres comme des apparences derrière lesquelles s'opèrent des choix divins et certains. Si les dieux ont la maîtrise de toutes les contingences, le monde peut rester inconnaissable et en particulier imprévisible (si on ne sait pas questionner les dieux) mais il n'est pas aléatoire. L'existence d'une finalité transcendante rend (presque) superflu de penser le hasard.

Et pourtant il semble bien que le hasard hante toutes les cultures à travers une multiplicité de pratiques et de rituels, en particulier à travers la famille des jeux et procédures diverses faisant appel à des «aléas» organisés, pour juger, pour partager et surtout pour prévoir l'avenir (astrologie, géomancie, haruspices, etc.). Dans de tels «jeux», divinatoires ou non, nous lisons aujourd'hui une simulation du hasard. Simulation particulière car elle est caractérisée par une certaine mise en ordre, celle qu'imposent les règles du jeu : elle produit des «événements» qui, d'une part, présentent une signification précise et, d'autre part, résultent, en général, d'une multitude de causes indépendantes entre elles. Tout «jeu» peut ainsi se résumer par une série de probabilités stables, éventuellement calculables. Cette lecture moderne et aujourd'hui banale des jeux de hasard, application d'une problématique inaugurée par Cournot au début du XVIII* siècle, ne doit pas conduire à croire que les jeux ont toujours été pensés ainsi, comme des avatars du hasard. Les sociétés traditionnelles ont traité ces dispositifs plutôt comme des jeux de symboles. Au contraire de ce que nous pensons spontanément aujourd'hui — les jeux comme réalisation ordonnée du hasard —, ce sont des dispositifs symboliques comme les dés qui ont tardivement contribué à forger la notion de hasard et à la préciser mathématiquement. Cournot lui-mâme, pour cerner cette notion, partira d'une définition du hasard voisine de celle donnée à propos des jeux, un siècle plus tôt, par Jean de la Placette1 . Autrement dit : la notion de hasard se décante à partir des jeux symboliques et ce sont même eux qui donnent, au hasard, son nom : l'arabe az-zahr signifiant dé ou jeu de dés et son relais français jeu de Hasart (également un jeu de dés), le latin aléa (jeu de dés) ou encore sors (petite pierre).

Alea jacta est !

Dans cette nouvelle perspective, oublions le hasard et jetons les dés. Ils roulent, s'arrêtent et désignent des chiffres. De la masse indifférenciée des possibles surgit

Traverses / 23 - Novembre 1981

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