NOTES DE NUMISMATIQUE NARBONNAISE. IV LES MONNAIES DÉCOUVERTES À NARBONNE
(1938-1945) (FOUILLES ET COLLECTION HÉLÉNA)
Dans son ouvrage sur Narbonne Antique (1), M. Gayraud a rendu un juste hommage à la mémoire des membres de la « Commission Archéologique » qui ont contribué à l'enrichissement du patrimoine historique de la ville, en exerçant une surveillance constante sur les travaux d'édilité. Un bon exemple de l'œuvre accomplie est donné par Théophile Héléna (1871-1952) et Philippe Héléna (1898-1961), dont l'action conjuguée a assuré le sauvetage, entre 1938 et 1945(2), d'importants vestiges de la nécropole Nord, exhumés à l'occasion de l'aménagement du Boulevard périphérique dit de 1848.
Leurs multiples interventions, réalisées sans aucune aide locale ou extérieure, allèrent de la simple collecte des objets mis au jour fortuitement par les engins de terrassement, à l'exécution de fouilles d'urgence qui ont abouti au dégagement de plusieurs séries de tombes à incinération ou à inhumation. Mais, poursuivant parallèlement leurs recherches systématiques dans les grottes sépulcrales de la Clape, ces deux préhistoriens n'ont pu se consacrer à l'étude de leurs découvertes narbonnaises. Du moins Th. Héléna a-t-il laissé un journal de fouilles qui apporte de précieux éléments d'information sur la nécropole Nord et ses principales caractéristiques (3). En effet, ce manuscrit renferme, à côté de trop rares observations stratigraphiques, la description précise de quatre-vingts tombes ainsi que des indications, assorties de brefs inventaires, sur les documents recueillis. Il s'agit, pour l'essentiel, d'urnes funéraires, de vases d'accompagnement, de lampes, de verreries, de monnaies et de quelques inscriptions (4).
L'abondance des mobiliers et les recoupements que l'on peut faire à leur propos avec des trouvailles provenant d'autres secteurs de la même nécropole (5), confèrent à la collection Héléna un grand intérêt qui justifierait une publication exhaustive. Des articles sur divers objets marquants et les monnaies ibériques ont été déjà publiés (6). Dans l'attente d'une étude globale du mobilier funéraire, nous nous proposons d'analyser ici les séries de monnaies (426 exemplaires) qui offrent
(1) M. Gayraud, Narbonne Antique des origines à la fin du IIIe siècle, Paris, 1981, p. 2.
(2) Exactement, d'après le journal de fouilles entre mars 1938 et mai 1940 d'une part, et octobre 1944 et avril 1945 de l'autre. Les premières trouvailles sont signalées dans le Bulletin de la Commission Archéologique de Narbonne, 19, 1937-1938, p. LXX-LXXV, séances du 7 mars et du 4 avril 1938. La plus importante, le cippe funéraire inscrit du gladiateur T. Vettius Loripes a immédiatement fait l'objet d'une publication, due à l'abbé Louis Sigal, Note sur les affranchis de Narbonne à propos d'une inscription inédite, dans Bull. Comm. Arch. Narb., 18, 1933-1935, p. 314-327.
(3) Ce cahier est conservé à l'Institut d'Archéologie de l'Université P. Valéry. On en trouvera une analyse critique dans l'ouvrage de M. Gayraud, op. cit., p. 306-313.
(4) Les documents découverts par Th. Héléna sont conservés à l'Institut d'Archéologie de l'Université P. Valéry, à l'exception d'une série de documents lapidaires qui font partie des collections de la ville de Narbonne. Ces derniers sont inventoriés dans.A. Grenier, Carte Archéologique de la Gaule Romaine, fasc. XII, Aude, Paris, 1959, p. 211-212.
(5) Secteurs de la Lombarde et de Razimbaud, voir infra, note 11.
(6) A. Robert, Note sur la collection Héléna : les lampes du Boulevard de 1848, dans R.A.N., 3, 1970, p. -187-191 ; Eadem. A propos de la nécropole du Boulevard de 1848 à Narbonne, R.A.N., 10, 1977, p. 263-272; M. Gayraud, Les inscriptions de Julia Natalis à Narbonne, R.A.N., 3, 1970, p. 115-127; J.-C. Richard, Les monnaies ibériques et ibéro-romaines de la collection Héléna : fouilles du boulevard de 1848 à Narbonne, R.A.N., 8, 1975, p. 265-273.
