Cf EST UNE TACHE particulièrement plaisante que de commenter le bel ouvrage de B. Pudal. Il n'était pas évident, en effet, d'ajouter une interprétation originale et stimulante à une littérature particulièrement prolifique. Tel est, au demeurant, le premier mérite de l'ouvrage. En revisitant de manière méthodique les positions et parcours sociaux des agents qui ont été "au principe" de "l'entreprise communiste", il réussit à renouveler en partie l'approche du plus décrit, et aussi du plus décrié, de nos partis politiques. Il serait, cependant, sans grand intérêt de s'adonner à une lecture purement élégiaque et d'ignorer les versants plus ombragés de la démonstration. Aussi, cette brève étude entreprendra-t-elle aussi l'adret que l'ubac.

Là où l'historiographie dominante dépeint la création et le développement d'un parti révolutionnaire résolu à conquérir

le pouvoir d'Etat et à transformer radicalement la société, l'ouvrage raconte comment des agents issus majoritairement des fractions les plus démunies et les moins titrées de la société sont parvenus à constituer une entreprise politique atypique et à forcer durablement l'accès au champ politique.

De ce point de vue, B. Pudal propose une lecture délibérément compacte et "continuiste" des différentes étapes qui sont censées jalonner la croissance du Parti communiste et sa transformation en parti de masse. Exploitant avec beaucoup de minutie les sociographies des élites dirigeantes du parti aux différentes phases de son développement, il suit pas à pas cette construction originale et chaotique qui a permis à un personnel politique d'extraction populaire d'émerger victorieusement d'un ensemble socialement et idéologiquement composite et de