La problématique du nominalisme médiéval

peut-elle éclairer des problèmes philosophiques actuels?

Pour surmonter une hésitation d'historien facile à motiver et tenter une réponse à la question posée, il faut déclarer dès l'abord et garder vive par la suite, la conscience de la tâche envisagée et de l'insuffisance des moyens présentement disponibles, quels que soient les progrès accomplis en recherche historique depuis le premier moment où l'auteur de la communication présente essayait de caractériser le nominalisme médiéval1. Cette déclaration faite, la résolution prise de ne pas l'oublier, nous pouvons reprendre l'entreprise commencée il y a quelque quarante-cinq ans.

Deux manières sont concevables pour aborder et délimiter un ensemble de faits intellectuels désignés comme «nominalisme médiéval». On pourrait accepter au point de départ un concept de nominalisme antérieurement acquis dans une réflexion philosophique, et à partir de ce concept circonscrire en quelque façon a priori le champ médiéval de recherche. On peut aussi interroger immédiatement les données connues d'histoire de la culture au Moyen Âge : si on y trouve des œuvres qui apparaissent typiques d'un nominalisme signalé par ce terme dans cette histoire même, l'analyse de ces œuvres conduira à proposer a posteriori une notion du «nominalisme médiéval». En choisissant ce second point de départ, on ne s'interdit nullement de poursuivre dans l'histoire de la philosophie jusqu'à nos jours une enquête sur le nominalisme — en général — comme Jean Largeault l'a récemment fait2 : partant d'une signification du terme «nominalisme» déterminée par une étude du Moyen Âge, on se demanderait si le terme ainsi défini est applicable sans équivoque — univoce — à des pensées d'autres siècles, le nôtre inclus.