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L'exemple de la « nouvelle religion » Yiguan dao [Recomposition des faits religieux et tension identitaires à Taiwan]

[article]

Recomposition des faits religieux et tension identitaires à Taiwan

Année 1998 48 pp. 41-47
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TAIWAN / SOCIÉTÉ

Recomposition des faits religieux et tensions identitaires à Taiwan

L'exemple de la « nouvelle religion » Yiguan dao

EVELYNE MICOLLIER

Des phénomènes de recomposition religieuse accompagnent les changements politiques, économiques et sociaux qui affectent la société tai- wanaise et qui s'accélèrent depuis deux décennies. Parmi ces formes recomposées, les groupes appelés aujourd'hui « nouvelles religions » xinxing zongjicio, littéralement « mouvements religieux émergents », sont nés soit durant la période de modernisation (début du siècle jusqu'aux années 1930), soit dans la décennie 1980 à Taiwan. Ils ont une filiation directe avec les sectes traditionnelles chinoises du XIXe et XXe siècles. Ces religions dénommées également « religions syncré- tistes » diffèrent, il faut le préciser, des sociétés secrètes. Par exemple, J. Chesneaux (années 1960-1970) '" a volontiers associé les deux, analyse remise en question depuis les années 1980 par les spécialistes de ces religions '2|. Selon S. Harrell et E. Perry (", « il y a une différence fondamentale entre les religions sectaires que D.L. Overmyer (4' décrit comme du 'bouddhisme populaire' et les sociétés secrètes telles que les triades. Les sociétés secrètes étaient organisées en premier lieu pour des raisons politiques, et utilisaient la religion et le rituel comme un moyen pour atteindre des objectifs politiques, tandis que les mouvements sectaires faisaient presque le contraire : quand ils menaient une action politique collective, c'était presque toujours à des fins religieuses. De plus, à l'exception des périodes de persécution, ces mouvements religieux n'étaient pas secrets, certains textes et mantras l'étaient, mais leur existence était connue et ils faisaient ouvertement du prosélytisme ».

Au niveau méthodologique, les « mouvements religieux émergents » ont été approchés par des enquêtes ethnologiques 'M. Notre contribution apportera donc un éclairage socio-anthropologique plutôt qu'historique ou politique. Le mouvement Yiguan dao (Voie de l'Unité),

né dans le contexte de la crise des années 1930 dans la province du Shandong (f", est la « nouvelle religion » qui polarise le plus les tensions identitaires au sein de la société taiwanaise, qui rassemble le plus de membres et qui est la plus organisée. Quatre millions de Taïwanais, soit presque 20 % de la population totale de l'île, auraient été à un moment de leur vie membres de groupes et sous- groupes Yiguan dao. Le mouvement est ramifié en de nombreuses branches souvent en concurrence les unes avec les autres. Le factionnalisme du mouvement divisé en une quinzaine de groupes et en 70 sous-groupes environ, est bien documenté (7'. Chaque branche est organisée en unités géographiques contrôlées par une autorité centrale. Le degré de centralisation contribue à maintenir l'unité de Yiguandao souvent menacée par des forces locales et des ambitions personnelles (XI.

Le nombre d'adeptes est estimé actuellement à 500 000 et le nombre de sympathisants à un million, soit un total de 1 500 000 à Taiwan. Dans les années 1960, la secte comptait 50 000 adeptes et 500 000 à partir des années 1980 (9>. Le nombre d'adeptes à l'étranger est estimé à deux millions. Les croyances, l'évolution des pratiques rituelles et les tendances identitaires montrent la flexibilité du mouvement Yiguan dao et sont significatives pour expliquer son histoire et son développement.

L'affiliation religieuse sectaire est considérée comme un indicateur identitaire : les catégories de population et les appartenances politiques sont analysées à travers l'exemple du mouvement Yiguan dao. Les enjeux politico-religieux des « nouvelles religions » à Taiwan et les enjeux liés à la construction d'une identité nationale plurielle seront mis en évidence parce que ce pluralisme culturel s'inscrit justement en rupture avec le projet nationaliste du Kuomintang (KMT), le parti au pouvoir depuis 50 ans à Taiwan. Ce projet tentait de construire une iden-

la recherche sur le terrain d'août à décembre 1 997 a été réalisée avec le concours du < Centre d'Etudes Chinoises » Hanxue zhongxin, Bibliothèque Nationale, Taipei. Je remercie B. Vermander pour la relecture de cet article

PERSPECTIVES CHINOISES \ 48 JULLET/ AOUT 19'W

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