Extrême-Orient - Extrême-Occident 12 - 1990

Note sur l'histoire de la série des quatre tons François Martin

En traitant des enumerations figurant au livre Terre du Bunkyô hifuron1, nous avons écarté les listes portant sur des points techniques, comme moins aptes à révéler des mécanismes proprement chinois. L'une d'entre elles cependant, celle des quatre tons, se prête à d'intéressantes considérations. Pourtant, quoi de plus objectif, de plus neutre en apparence, qu'une liste de tons, puisqu'il s'agit d'un phénomène linguistique, scientifique, qui ne devrait pas poser d'autre question que celle de son exactitude ? Or ce n'est pas le contenu de la liste qui est en cause, mais la forme sous laquelle elle s'est organisée et les rapports qu'elle entretient dans la tradition chinoise avec d'autres listes, beaucoup moins scientifiques celles-là. ,

La langue chinoise, on le sait, est tonale, c'est-à-dire que chaque mot (un mot correspondant à une syllabe et à un signe écrit) porte un ton qui en fait partie intégrante, et que deux syllabes homophones mais de ton différent ne peuvent en principe être homonymes. Le destin du sinisant débutant l'amène donc à côtoyer dès le tout début de son apprentissage la série des quatre tons. L'ordre dans lequel ils se succèdent ne saurait lui poser de problème. La neutralité même des termes (premier ton, etc.) impose son évidence. D'ailleurs, d'exercice en exercice, la succession des tons se grave dans sa mémoire comme une petite mélodie, qui lui paraît vite naturelle, et contribue à désamorcer toute interrogation. En fait cette succession (disons, pour simplifier : un ton plat et haut, un ton montant, un ton descendant puis remontant, enfin un ton descendant), qui ne correspond d'ailleurs qu'à un état relativement récent, et sans doute provisoire, du système tonal, ne peut - dans son état moderne -

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