RN 2012, p. 105-117 Sophie Chave-Dartoen*
Par-delà la monnaie. Accumulations et circulations cérémonielles de richesses à Wallis (Polynésie occidentale) 1
Le mot «trésor » est fortement polysémique en français, comme la plupart des termes qui, pour une société donnée, renvoient à ses valeurs fondamentales. Ses différentes significations combinent les idées de richesse, d’accumulation et d’une détention exclusive qui peut prendre la forme d’une détention secrète ou cachée. On en connait l’étymologie et l’histoire, à la fois culturelle et institutionnelle, depuis les «trésors » votifs des temples grecs jusqu’à notre actuel Trésor public, en passant par les trésors ecclésiastiques et princiers médiévaux. J’aimerais attirer ici l’attention du lecteur sur le caractère culturellement particulier des pratiques de thésaurisation et du vocabulaire qui y renvoient. L’idée n’est pas d’isoler les faits occidentaux – antiques, médiévaux et modernes
– dans un relativisme interdisant toute comparaison, mais de chercher à mettre
de telles pratiques en perspective. Or, une telle mise en perspective implique une approche proprement anthropologique, c’est-à-dire, une approche combinant deux entrées méthodologiques.
* Département d’ethnologie-anthropologie sociale et culturelle, Université Bordeaux Segalen, 3 ter place de la Victoire, 33076 Bordeaux Cedex. ADES (UMR-CNRS 5185). Courriel : sophie. chave-dartoen@ u-bordeaux2. fr. 1. Je remercie Fr. Duyrat et A. Suspène pour leur invitation à participer au séminaire «Monnaie et identité » . Merci à D. Monnerie pour ses remarques et ses suggestions.